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Présidentielle algérienne : Tebboune, la consolidation de l’autoritarisme et du malaise socioéconomique

Présidentielle algérienne : Tebboune, la consolidation de l’autoritarisme et du malaise socioéconomique

La réélection d'Abdelmadjid Tebboune semble se profiler comme une formalité. Cette farce électorale révèle une fois de plus les failles béantes d'un système qui tourne en boucle, où le changement est une illusion.

 

Par D. William

Les Algériens se rendront samedi 7 septembre aux urnes pour élire leur président. Avec Abdelmadjid Tebboune, l'islamiste Abdelali Hassani Chérif et le socialiste Youcef Aouchiche comme seuls acteurs sur l'affiche, la réélection du président sortant semble non seulement inévitable, mais programmée. Elle n'est pas le fruit d'un vibrant débat démocratique ou d'un choix éclairé des électeurs, mais plutôt le résultat d'un processus soigneusement orchestré pour maintenir le pouvoir au sein de l'establishment actuel, témoignant d’une mise en scène politique qui a atteint son paroxysme dans un spectacle désolant de prévisibilité.

L'Algérie de Tebboune n'est ainsi pas celle qui s'apprête à vivre un renouveau démocratique, elle s’achemine plutôt vers une consolidation autoritaire. Le tri des candidatures, le contrôle des médias et le manque d'une opposition viable sont autant de facteurs qui contribuent à une élection où le résultat semble prédéterminé. L’actuel président, loin d'être un symbole de changement, s’accroche sur les rênes du pouvoir et continue de représenter un passé qui ne passe pas, tout en faisant craindre un futur de stagnation et de régression.

Un futur qui serait peu ou prou à l’image de la situation qui prévaut actuellement : la diversification économique et la réforme politique promises en 2019 par Tebboune lors de son élection n'ont pas été suivies d'effets tangibles, laissant une grande partie de la population algérienne face à un chômage élevé, à des services publics défaillants et à une crise de confiance croissante envers les institutions. Le contexte est d'autant plus navrant que le rôle de l'armée et des services de sécurité reste prépondérant, éclipsant toute velléité de pluralisme politique.

Malgré les apparences de changement et les discours réformistes, le pouvoir reste concentré entre les mains de quelques-uns, avec peu de place pour une opposition réelle ou une participation citoyenne active. Au niveau des médias, la censure et la répression restent des outils couramment utilisés pour étouffer les dissidences, alors que le Hirak, cette vague de protestations qui avait nourri les espoirs d'un changement véritable, semble avoir été réduit au silence, ses idéaux étouffés et dissipés par un régime qui ne tolère pas l'opposition.

C’est pourquoi un second mandat de Tebboune soulève des inquiétudes quant à la possibilité d'une véritable transition démocratique, le pays risquant par ailleurs de s'enliser davantage dans l'autoritarisme et le malaise socioéconomique. Et la jeunesse algérienne, moteur potentiel de changement, reste la grande oubliée dans ce schéma, avec peu de perspectives et un espace public de plus en plus restreint et contraint. Dans pareil contexte, les Algériens accompliront-ils, samedi, leur devoir citoyen ? Le peuple algérien, désillusionné, pourrait bien répondre par une abstention massive, signe d'un désintérêt profond pour un processus vu comme illégitime. Ce scénario serait un cri de cœur face à un système qui s’autoentretient et ne leur offre aucune véritable alternative de changement.

Un impact régional tendu

Au-delà de ses frontières, la réélection presque assurée de Tebboune est susceptible de maintenir en l’état les tensions déjà vives avec le Royaume. Le vent glacial qui circule entre le Maroc et l'Algérie est dû essentiellement aux positions hostiles du régime algérien sur le Sahara marocain. Le président algérien, qui a unilatéralement rompu les relations diplomatiques avec le Maroc, a maintes fois exprimé son soutien inconditionnel au polisario, une stance qui s'inscrit dans une logique de déstabilisation du Royaume et de remise en cause de son intégrité territoriale.

Cette posture compromet toute chance d’apaisement dans les relations bilatérales et mine également les efforts diplomatiques régionaux et internationaux visant à stabiliser les relations nord-africaines et à favoriser l'intégration économique et politique nécessaire au développement de la région du Maghreb. À un moment où certains acteurs internationaux, y compris les Etats-Unis, adhèrent à cette vérité historique qu’est la souveraineté pleine et entière du Maroc sur ses provinces sahariennes et militent pour une résolution définitive de ce conflit artificiel, l'Algérie semble donc s'isoler davantage sur la scène internationale par la faute de dirigeants perçus davantage comme des catalyseurs de déstabilisation régionale.

Des dirigeants incapables de réévaluer les priorités en matière de politique étrangère. Ce qui se comprend : cela nécessite courage politique et vision à long terme, des qualités qui semblent, jusqu'à présent, manquer dans la stratégie diplomatique de l'Algérie sous Tebboune. 

 

 

 

 

 

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