Quand une tribune leur est offerte, certains politiques n’hésitent pas à se lâcher.
Peut-être trop même, surtout quand on jouit d’une attention particulière de la part d’un auditoire qui semble conquis.
Mais les mots ont une résonance singulière lorsqu’ils sortent de la bouche du «premier» homme politique du Royaume, à savoir le chef de gouvernement.
Le week-end dernier, lors du Congrès de l’Espace marocain des professionnels (EMP), interface patronale du Parti de la justice et du développement (PJD), Saad Eddine El Othmani, SG de ce parti, s’est plu à critiquer la presse.
Laquelle, selon lui, noircit un peu trop le tableau en parlant de crise au Maroc.
El Othmani s’est même livré à un long monologue pour vanter le climat actuel, avec notamment les étrangers qui investissent au Maroc, la stabilité politique, un Royaume qui se développe…
Non sans défendre l’Administration où, comme il le dit, il y a des «chourafaa».
Autrement dit, des fonctionnaires très loin des pratiques de la corruption et qui font preuve d’une probité sans faille.
Nous sommes quand même tentés de répondre au chef de gouvernement point par point.
Primo : on lui concède que parfois une certaine presse tend à grossir les faits.
Oui, sur le plan économique le Maroc n’est pas en crise. Il fait même valoir une croissance entre 3,5% et 3,8% à fin 2018…, à la faveur de la clémence de dame météo qui a permis de réaliser une très bonne campagne agricole.
De même, les investisseurs étrangers ont confiance aux potentialités du Royaume. Sauf que nos hommes politiques ont tendance à leur envoyer de mauvais signaux.
Car il n’y a certes pas crise économique au Maroc, mais il y a bien une crise de la majorité gouvernementale qui couve, avec en toile de fond les querelles domestiques PJD-RNI et PJD – PPS (www.laquotidienne.fnh.ma).
Quand ceux chargés de la conduite des affaires du Royaume passent leur temps à se chamailler et à se donner des coups bas, forcément l’opinion publique s’interroge sur la qualité de nos dirigeants.
Mais, heureusement que le Roi est là pour rappeler à chacun ses obligations.
Secundo : C’est justement parce que le Roi a tapé sur la table qu’aujourd’hui les choses bougent.
C’est parce que le Roi veille scrupuleusement à la bonne exécution, dans les délais, des différents projets socioéconomiques lancés que les citoyens du Maroc profond ont le sentiment d’être de moins en moins exclus du processus de développement du Royaume.
C’est aussi parce que le Roi sanctionne, au nom de la reddition des comptes, que plusieurs responsables ont pris conscience de leurs devoirs envers la collectivité.
Tertio : Le «tous pourris» n’existe nulle part. Et personne ne peut s’aventurer à affirmer que tous les fonctionnaires de l’Administration sont corrompus.
Non, il y a des fonctionnaires qui ont la conscience professionnelle chevillée au corps.
Il y a des fonctionnaires qui font leur travail avec diligence sans avoir besoin d’une épée de Damoclès sur la tête.
Mais à côté, il y a les autres, cette minorité dont le manque de probité et d’éthique noie le travail de la majorité.
Enfin, il semble utile de rappeler au chef de gouvernement que l’un des engagements forts du PJD en 2011, alors qu’il battait campagne pour les législatives, était de lutter contre la corruption.
Engagements tenus ?
Quand le PJD arrivait au pouvoir, l'Indice de perception de la corruption (IPC) publié par Transparency International au titre de l'année 2011 plaçait le Maroc au 80ème rang mondial sur 183 pays.
En 2017, le Royaume occupait la 81ème position sur 180 pays. Je vous laisse apprécier.■
D. W.