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Soudan: Pouvoir ensanglanté

Soudan: Pouvoir ensanglanté

Le pouvoir est un puissant aphrodisiaque qui abolit dangereusement le discernement. Voire rend fou. Ce qui se passe au Soudan en est le parfait exemple.

En cinq jours, deux généraux pétris d’égo et avides de pouvoir ont plongé le pays dans le chaos. Bilan provisoire des combats  : près de 200 civils tués. Des civils, qui n’ont rien demandé, pris dans l’étau de rivaux qui n’ont trouvé comme moyen de dialogue que de faire tonner les armes.

Des civils qui paient de leur sang, depuis bien longtemps, la convoitise de ces engalonnés qui se servent des armes pour briguer le pouvoir suprême, plongeant ce pays dans une instabilité politique permanente. Rappelons-le, le putsch militaire est quasi institutionnalisé au Soudan, pays qui détient un bien triste palmarès : une vingtaine de tentatives de coups d’Etat depuis son indépendance en 1956, dont six ont réussi.

La figure emblématique de la prise de pouvoir grâce au coup d’Etat militaire est sans aucun doute Omar el-Bechir. Après 30 ans à la tête du pays, il a été chassé du pouvoir en 2019 après plusieurs mois de contestations populaires, puis emprisonné. Il est actuellement mis en accusation par la Cour pénale internationale (CPI) pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre pour les barbaries commises dans le cadre de la guerre du Darfour.

Jusqu’à présent, il n’a pas été livré à la CPI. Mais la transition démocratique amorcée après le départ d’el-Bechir a été brutalement interrompue en octobre 2021, à la faveur d’un nouveau putsch. Aux manettes, le général Fattah al-Burhane, actuel chef de l’armée soudanaise, avec la complicité du général Mohamed Hamdan Daglo, dit «Hemedti», qui dirige les Forces de soutien rapides (FSR).

Ce sont ces compagnons d’armes d’hier qui se livrent aujourd’hui un combat fratricide, dont les enjeux sont loin des préoccupations de la collectivité  : lutte de pouvoir et rivalités pour contrôler les ressources du pays. Un pays amputé d’ailleurs de sources de revenus considérables, le Soudan du Sud, devenu indépendant en 2011, concentrant 75% des réserves pétrolières du Soudan d’avant la sécession, miné par l’instabilité politique et fragilisé par la suspension de l’aide internationale.

Conséquence : l’économie est en chute libre, le Soudan étant l’un des pays les plus touchés par l’insécurité alimentaire au monde, selon l’ONU qui estime qu’«environ 15,8 millions de personnes auront besoin d'une aide humanitaire, soit 1,5 million de plus qu'en 2022, la plus forte augmentation depuis 2011».

Pendant que les populations crèvent la dalle et que les civils tombent sous les balles, les chefs militaires se battent pour avoir toujours plus de privilèges. Et souvent indus. Voilà pourquoi cette Afrique aux sous-sols si riches ne prendra jamais le chemin du développement : elle souffre de la convoitise de ses dirigeants. 

 

 

Par D. William

 

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