Affligeant. Pathétique. Prévisible. La délégation sportive représentant le Maroc aux Jeux Olympiques de Tokyo a déçu, et presque à tous les étages.
À l’heure où nous postons cette chronique sur notre site, seul un athlète marocain a tenu toutes ses promesses en décrochant une belle médaille d’or. Il s’agit de Soufiane El Bakkali, dans le 3.000 m steeple.
Pour le reste, c’est un zéro pointé. Certains pourront nous rétorquer, que c’est déjà beaucoup mieux que les JO précédents où le Maroc aux termes d’une saison olympique à Rio de Janeiro n’a pu remporter qu’une unique médaille de bronze, que l’on doit au boxeur Mohamed Rabii, alors que les 48 autres sportifs représentant le Maroc dans 13 disciplines ont brillé par leur absence à tous les podiums.
Cette édition 2020 semble ne pas déroger à la règle, puisqu’elle aussi s’achemine doucement mais sûrement pour s’inscrire comme l’une des pires années olympiques pour le Maroc depuis les JO de Los Angeles en 1984.
Sans pointer du doigt les athlètes qui font ce qu’ils peuvent, et qui auraient espéré faire mieux, après des années de travail, d’entraînement et de préparation pour la grand-messe du sport mondial, nous sommes en droit de poser cette question, somme toute très légitime : pourquoi un tel désastre ? Tout semble indiquer que le problème est structurel et systémique. Le sport marocain bat des deux ailes depuis plusieurs années. Ce n’est un secret pour personne.
D’ailleurs, excepté quelques incollables sur le sport, rares sont les Marocains qui peuvent nous citer trois ou quatre noms de grands athlètes qui font trembler les grandes rencontres sportives comme cela fut le cas avec de très grandes figures du sport national telles que Saïd Aouita, Nawal Moutawakkil, Hicham El Guerrouj, Brahim Boutayeb ou encore Khalid Skah, Salah Hissou, Brahim Boulami et tant d’autres.
Aujourd’hui, nous peinons sérieusement à trouver un véritable porte-drapeau, un grand leader, un véritable porte-flambeau qui fasse résonner l’hymne national un peu partout dans le monde. Pour de très nombreux analystes, la cause est à chercher au niveau des méthodes et des approches de travail des différentes fédérations qui montrent encore une fois, avec ces JO de Tokyo, toutes les limites de leurs compétences.
C’est ici le résultat flagrant d’un travail en amont à la fois bâclé et irrationnel. Les visées des responsables n’excèdent pas les quelques tournois secondaires sans grande ambition, se déclarant vaincus avant même de croiser le fer avec leurs concurrents.
Ce naufrage annoncé fait écho à ce marasme au niveau des fédérations nationales qui donnent beaucoup dans les slogans et les effets de manche sans apporter des résultats concrets, surtout quand toute une nation est accrochée aux pieds des athlètes rêvant de plusieurs sacres pour nourrir cette ferveur patriotique qui manque cruellement aujourd’hui.
Le bilan devait être fait, sérieusement, il y a de cela au moins deux décennies, pour rectifier le tir, pour apporter les bons réglages, pour trouver les bons automatismes, pour mettre au point des méthodes novatrices de travail et de préparation, des approches rigoureuses où la discipline est le maître mot.
C’est partant de ce constat catastrophique pour le sport marocain qu’il nous faut aujourd’hui repenser toutes nos thèses en termes de résultat et d’efficacité dans les sports, toutes disciplines confondues. Il nous faut une refonte profonde de toutes les doctrines sportives qui ont droit de cité et qui ont fait leur temps, dont la date de péremption est déjà dépassée depuis plusieurs années, sans que l’on ait mis en place d’autres stratégies de travail, avec un nouveau souffle, une nouvelle philosophie et une ambition à la mesure des attentes des Marocains.
Abdelhak Najib
Ecrivain-Journaliste