Le projet de loi sur le cannabis sera examiné ce jeudi en Conseil de gouvernement, après deux reports. Ce projet clivant crée de fortes dissensions au sein même du Parti de la justice et du développement.
L’idée d’admettre, dans quelques années, que c’est sous le magistère des islamistes que le cannabis a été légalisé au Maroc n’est pas acceptable pour certains, à l’image d’un Abdelilah Benkirane, figure forte de cette formation politique.
La légalisation du cannabis pose-t-elle un problème moral à certains Pjdistes ? Bouscule-t-elle leurs références idéologiques ? Ou s’agit-il juste d’une posture politique pour ne pas être en phase avec certains partis d’opposition, comme le PAM qui milite depuis longtemps pour un usage licite de cette plante ?
Il faut, semble-t-il, mieux cadrer le débat et ne pas faire une lecture partielle de ce projet de loi, encore moins faire dans la démagogie. Car de quoi parle-t-on ? Il ne s’agit pas d’autoriser les citoyens à se rouler un joint au coin de la rue, mais plutôt de la légalisation du cannabis exclusivement à usage thérapeutique.
Autrement dit, développer tout un écosystème bien encadré et bien réglementé pour promouvoir les filières du cannabis médical, cosmétique et industriel. L’enjeu est à la fois social et économique, car il s’agit de donner l’opportunité à des milliers d’agriculteurs qui s’adonnent à cette culture (actuellement) illicite pour approvisionner les réseaux de trafic de drogue, de migrer vers une activité économique légale, génératrice de revenus.
Peut-on dès lors opposer la morale ou encore les références idéologiques aux intérêts économiques du Royaume ? Evidemment que non. Aujourd’hui, le Maroc ne fait que s’inscrire dans cette tendance internationale marquée par la légalisation du cannabis à usage thérapeutique. C’est un pari économique à faire pour un pays où, au bas mot, pas moins de 140.000 exploitants s’activent dans le kif. Oui, le cannabis a des vertus… économiques.
Il faudra pouvoir expliquer ça aux farouches opposants à la légalisation, ces gens pour lesquels le cannabis n’est pas leur kif. Ou encore leur opposer l’assertion du philosophe et poète américain, Ralph Waldo Emerson, qui disait qu’«une mauvaise herbe est une plante dont on n'a pas encore trouvé les vertus».
D.William