Stoïque et imperturbable sur scène, Kadhem Al Saher a livré un concert phénoménal. Une performance qui en dit long sur le talent de l’artiste irakien, porté par une présence scénique imposante et une voix qui traverse les générations.
Jeudi 26 juin, en soirée, le Théâtre national Mohammed V de Rabat a vibré au rythme envoûtant de celui qu’on surnomme le «César de la chanson arabe».
À l’occasion de la 20è édition du festival Mawazine, Kadhem Saher a enchaîné pendant deux heures sans interruption ses plus grands titres, devant un public fervent… et souvent debout, faute de places assises. L’ambiance était à son comble, portée par des musiciens d’exception.
Artiste complet, poète et compositeur, Kadhem Saher a marqué la musique arabe contemporaine depuis plus de trois décennies. Il a collaboré avec le grand Nizar Qabbani, dont il a mis en musique les vers avec une intensité bouleversante. Lors de ce concert exceptionnel, l’âme du poète syrien semblait d’ailleurs planer sur la scène. Avec plus de 30 millions d’albums vendus, une reconnaissance internationale et une fidélité sans faille à son art, Kadhem incarne une élégance musicale intemporelle.
À 21 h précises, Kadhem entre en scène. Au premier frémissement de “Zedini Ishqan”, la salle s’embrase. Par la suite, il enchaîne ses titres cultes comme “Fi Medreset Al Hob”, “Hal Endak Shak”, “Hafiat Al-Kadamain”, ou encore “Kollak Ala Baadak Helw”, repris en chœur par un public en transe. L’émotion monte lorsqu’il entonne “Madrassat Al hob”, vers la fin du spectacle, l’un de ses hymnes les plus puissants.
Mais derrière cette prouesse artistique, la logistique ne suivait pas. La salle, archi-comble, n’a pas pu accueillir tout le monde dans de bonnes conditions. De nombreux spectateurs, pourtant munis de leurs billets ou d’invitations, sont restés debout.
Quant aux journalistes, ils étaient bien présents, mais relégués à des espaces peu adaptés à leur mission. Comment raconter et immortaliser un tel moment si la visibilité est réduite et l’accès à la scène limité ? Une réalité frustrante pour les témoins de l’ombre. Heureusement, la ferveur du public et l’intensité musicale ont rapidement pris le dessus.
À la sortie du spectacle, l’émotion était palpable. «Mais quel artiste ! C’était magique, j’ai pleuré pendant Madrasat Al Hob. Kadhem, c’est toute mon adolescence, mes désillusions mais aussi mes rêves», confie Aïcha, émotive.
Discret, Kadhem est resté fidèle à lui-même, pas de conférence de presse, mais quelques mots chaleureux adressés en plein concert pour saluer le Maroc, rendre hommage au Roi Mohammed VI et adresser ses vœux de réussite aux Lions de l'Atlas après avoir reçu un ballon, un tee-shirt en plus du drapeau marocain.
Quelques imperfections en coulisses, vite éclipsées par la magie d’un concert d’anthologie. À travers Kadhem Saher, le festival Mawazine a, une fois encore, démontré son pouvoir, celui de rassembler toutes les générations, unies par la musique et le partage des cultures.
I.Zerrouk