La menace croissante des médicaments contrefaits continue de planer sur le continent africain, à en croire de récentes données publiées par l’Organisation mondiale de la santé.
Prenant à bras-le-corps cette problématique, le Maroc s’est d’ores et déjà investi dans le renforcement de la réglementation liée à la vente des produits pharmaceutiques.
Par M. Boukhari
La contrefaçon des médicaments continue de gagner du terrain dans de nombreux pays. Un phénomène inquiétant qui semble ne pas épargner l’Afrique, où plus de 45% des médicaments contrefaits dans le monde y sont distribués, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Au Maroc, la vigilance est de mise depuis plusieurs années en vue de lutter contre la prolifération de la vente en ligne desdits médicaments ainsi que la commercialisation de ces derniers via des circuits illégaux, notamment le marché noir.
A cet effet, le Royaume a mis en place des réglementations strictes dans le dessein de contrôler l’importation et la distribution des médicaments. Dans ce sens, plusieurs lois et décrets visant à garantir la sécurité des médicaments sur le marché ont vu le jour. Entrée en vigueur en septembre 2021, la loi n° 17-04 établit le cadre juridique pour la régulation et la supervision des médicaments et des produits pharmaceutiques au Maroc. Elle fixe les normes de qualité, d’efficacité et de sécurité des médicaments et définit les responsabilités des autorités compétentes.
Un circuit bien verrouillé Abdelmajid Belaïche, analyste des marchés pharmaceutiques, affirme que le Maroc est resté relativement épargné du phénomène des médicaments contrefaits en raison de l’obligation de s’enregistrer auprès de la Direction du médicament et de la pharmacie (DMP). Et ce, afin d’obtenir une autorisation de mise sur le marché (A.M.M.), sans laquelle il est impossible de fabriquer ou d’importer un médicament. S’y ajoute aussi l’obligation de passer par un circuit de commercialisation pharmaceutique. «Un pharmacien ne peut acheter ses médicaments qu’auprès d’un laboratoire pharmaceutique ou d’un grossiste répartiteur pharmaceutique qui, lui-même, ne peut acquérir ses produits que chez un laboratoire pharmaceutique. Ce circuit est très bien verrouillé», souligne-t-il.
Ce n’est un secret pour personne, les médicaments contrefaits peuvent présenter de graves risques pour la santé publique, car ils peuvent contenir des ingrédients incorrects, des doses inappropriées ou même être totalement inefficaces. «L’achat des médicaments en dehors des pharmacies ne garantit aucune traçabilité de l’origine du médicament vendu et donc de sa qualité, de son efficacité et de sa sécurité, avec une importante prise de risque pour les patients. C’est aussi valable pour les achats dans des espaces autres que pharmaceutiques (rue, souks etc.). En ce qui concerne les compléments et les produits cosmétiques, une grande partie échappe malheureusement à tout contrôle», précise Belaïche. Et de poursuivre : «Il y a au Maroc quelques circuits de contrebande de médicaments dans les zones frontalières avec l’Espagne et l’Algérie qui alimentent la vente dans les rues. De même, il existe quelques rares circuits informels de vente à travers Internet et les réseaux sociaux».
Accroître la sensibilisation Notons que le Maroc mène, en étroite collaboration avec des organisations internationales telles que l'OMS et Interpol, des campagnes visant à lutter contre la contrefaçon des médicaments. Cette collaboration a pour but de partager des informations sur les menaces potentielles, à coordonner les enquêtes transfrontalières et à promouvoir la sécurité des médicaments à l'échelle mondiale.
Pareillement, Abdelmajid Belaïche déclare que pour l’achat des médicaments en ligne, «il est pratiquement impossible de le contrôler, et la seule solution passe par une sensibilisation des citoyens sur les dangers de l’achat des produits de santé par Internet». Il considère par ailleurs que «pour les médicaments, tout a déjà été fait pour garantir leur traçabilité et donc endiguer ceux contrefaits. Le ministère de la Santé est en train de s’attaquer aussi aux compléments alimentaires et produits cosmétiques à travers la mise en place d’une réglementation aussi rigoureuse que celle des médicaments».