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Les ravages des drogues au Maroc. Mahmoud, héroïnoman devant le Seigneur

Les ravages des drogues au Maroc. Mahmoud, héroïnoman devant le Seigneur

Par Abdelhak Najib
 

La cinquantaine bien tassée. Des moyens considérables, une famille, des affaires florissantes, mais une addiction qui va crescendo passant d’un palier à l’autre, d’un registre à l’autre. Mahmoud dit avoir tout essayé, au moins depuis plus de trente ans. «J’ai fumé très jeune. Puis de la cigarette, je suis passé au haschich, j’ai même goûté au kif.

Après, avec les voyages et les fréquentations, j’ai découvert le monde de la cocaïne. Très vite, j’ai aimé et j’ai pensé que cette drogue était faite pour moi. Ça me donnait de la force, de l’énergie et beaucoup d’audace.

J’ai carburé à la coke pendant de longues années. J’ai tout fait et j’ai tout essayé jusqu’à arriver à l’héroïne. Là, tout a changé du jour au lendemain. Il a suffi d’une fois pour que je perde totalement tout contrôle. Une fois et c’était le début de la fin pour moi. Je ne travaille plus. Je ne sors plus. Je ne mange presque plus. Je ne me lave plus. J’en suis arrivé à faire mes besoins dans ma chambre à côté du lit. Ma maison est devenue un dépotoir. Une immense poubelle. Personne ne venait plus me voir. Et je me cachais des autres. De temps à autre, je payais les services d’une prostituée, et même ça je ne pouvais plus le faire. J’étais de plus en plus camé et très épuisé. Tout le temps fatigué et écroulé. Je dormais par terre, dans la cuisine, dans le jardin, même dans les toilettes. Je perdais littéralement la tête. J’allais devenir fou.»

Sa famille avait capitulé devant l’ampleur des dégâts. Le fringuant bonhomme était devenu un zombie. Un monstre. Une horreur. Sale, pouilleux, bouffé par les drogues et l’alcool qu’il ingurgitait comme d’autres boivent de l’eau. Et c’est une ancienne amie qui a alerté une psychiatre de la ville qui a décidé, coûte que coûte, d’accompagner cet homme pour le soigner. Les résistances étaient nombreuses. Mahmoud se cachait chez lui, rideaux baissés sans jamais donner signe de vie, jusqu’au jour où, après des jours de surveillance, la docteure arrive à le surprendre sortant du parking d’un supermarché. Elle lui parle pendant trois longues heures pour le convaincre d’accepter d’entrer en unité de soins. Cet homme qui a sombré, a une famille, des enfants encore jeunes et qui voient leur père dépérir et tomber plus bas chaque jour qui passe, allant droit six pieds sous terre.

Mahmoud se fait admettre en clinique et le processus de soins est mis en place. Toute une équipe l’entoure et le prend en charge. Les débuts sont durs. le changement d’espace aussi. Puis, avec les jours qui passent, le traitement commence à faire ses effets. Les épisodes de manque y ont été très durs, mais c’est «aujourd’hui derrière moi. Vous imaginez que je n’ai rien pris depuis trois mois ! Moi-même je ne le crois pas. Pourtant, je suis clean. J’ai perdu tous ces kilos que j’avais accumulés. J’ai repris goût à la nourriture, je bois des litres d’eau par jour. Je prends ma douche tous les matins, je fais du sport tous les jours, je marche une heure par jour, je regarde des films, j’écoute de la musique et j’ai réussi à voir mes enfants. J’avais honte de les voir et qu’ils voient leur père dans un état aussi terrible. Aujourd’hui, je les vois et j’ai espoir de m’en sortir. Mais je sais que j’ai beaucoup de chemin à faire. Il me faut une volonté de fer et beaucoup de patience et de persévérance».

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