Les Marocains retrouvent un peu plus de liberté. Un petit chouya seulement. Depuis le vendredi 1er octobre, ils ne sont plus contraints de déserter les rues à 21 H, mais plutôt à 23 H.
C’est ce qu’ont décidé les autorités, dans le cadre de l’assouplissement des mesures de restriction mises en place.
Deux heures de plus, c’est toujours mieux que rien. Il faut s’en contenter pour le moment, mais aussi l’apprécier sous l’aune de ses répercussions économiques.
Les commerces, restaurants et cafés vont rester ouverts plus tard et faire davantage de chiffres, les transports publics vont circuler plus longtemps et, cerise sur le gâteau, les Marocains vont pouvoir, de nouveau, fréquenter les hammams et les salles de sport.
Mais attention !
Ce n’est pour vous casser le moral, mais était-ce le moment pour prendre de telles décisions ? Cette petite euphorie collective qui accueille cet assouplissement des restrictions va-t-elle durer ?
Posez la première question aux citoyens lambda, ils répondront massivement «oui». Et cela se comprend aisément.
Ils sont fatigués de toutes ces privations de leurs libertés individuelles, de ce couvre-feu qui perdure depuis plus d’un an, de cette pandémie qui régule leur quotidien et qui a su même pacifier les intelligences les plus rebelles.
Si vous posez la même question aux professionnels de santé, la réponse est néanmoins moins tranchante.
«On ne peut ni alléger ni lever les mesures restrictives, parce que même avec une petite partie de la population non vaccinée, surtout adulte, on risque de voir à nouveau les services de réanimation submergés», nous confiait Dr Tayeb Hamdi, vice-président de la Fédération nationale de la santé, juste avant l’annonce de l’assouplissement par les autorités.
Ses craintes sont légitimes, d’autant que, poursuit-il, «aujourd’hui, nous avons plus de 60% des Marocains qui sont vaccinés, ayant reçu au moins une dose, et plus de la moitié ont reçu deux doses».
Il reste donc une bonne partie de la population qui n’est pas encore vaccinée, et ce alors que le virus circule toujours dans le Royaume.
Quant à la seconde interrogation, elle est justifiée par le fait que, depuis plus d’un an, on valse entre allègement et durcissement des restrictions, au gré de l’évolution de la situation épidémiologique.
Et à chaque fois que les autorités lâchent du lest, le coronavirus se propage.
D’où la nécessité de rester vigilant et de continuer à respecter les mesures barrières, surtout dans un contexte où les élèves ont repris les chemins de l’école.
Craintes pour les personnes âgées
Actuellement, le taux d’occupation des lits Covid-19 reste inférieur à 20%. S’il n’y a pas de statistiques précises sur l’âge des patients hospitalisés, on sait cependant que les personnes âgées restent les plus vulnérables.
Au Maroc, et selon les chiffres du haut-commissariat au Plan, (HCP) on dénombre en 2021 près de 4,3 millions de personnes âgées de 60 ans et plus, représentant 11,7% de la population totale.
Par ailleurs, il y a une prévalence des maladies chroniques de près de 64,4% (enquête sur la population et la santé familiale de 2018, du ministère de la Santé) touchant pas moins de 2,7 millions de personnes âgées.
En outre, les personnes de 70 ans, au nombre de 1,6 million en 2021, sont encore plus vulnérables face à la maladie. Et l’effectif des 70 ans et plus avec au moins une maladie chronique s’élève à 1,2 million de personnes.
«Cette population est la plus susceptible d’avoir des maladies chroniques et de tomber dans une situation de dépendance à même d’induire une demande qui suppose un renforcement conséquent de l’offre de soins et de prise en charge adaptée aux besoins spécifiques à ces âges», explique le HCP.
Alors, même avec une campagne de vaccination avancée, qui sera renforcée par l'administration d'une troisième dose, les Marocains ne doivent pas s'exonérer de faire preuve de prudence et de responsabilité afin que l’on ne tombe pas, encore une fois, dans le "stop and go".
D. William