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"Aucun vaccin ne peut provoquer un test positif", la vérité sur la nouvelle vague avec le docteur Filali

"Aucun vaccin ne peut provoquer un test positif", la vérité sur la nouvelle vague avec le docteur Filali





 -La Covid-19 ne prend malheureusement pas de vacances et s’acharne encore pour faire plus de victimes.  Ces dernières semaines, les personnes testées positives sont de plus en plus nombreuses. Les décès sont en nette augmentation et le pic a été atteint mardi 10 août avec 105 morts. 

- Devant cette recrudescence des cas, les gens se font de plus en plus dépister, notamment les Marocains résidant à l’étranger, qui subissent beaucoup de contraintes. 

-Entretien avec le Dr Mounir Filali, biologiste au laboratoire G Lab. 
        

                                           

-La Quotidienne : Le Maroc connaît une flambée des contaminations. Pourquoi ? 

-Dr Mounir Filali : Les causes du pic épidémique actuel sont liées principalement à l’apparition de nouveaux variants, beaucoup plus contagieux, en l’occurrence le variant delta indien, à la diminution du respect des gestes barrières et à un plus grand brassage des populations, aussi bien internes qu étrangères au pays (déplacements plus nombreux). Ce sont ces trois phénomènes conjugués qui expliquent cette nouvelle vague. 





- LQ: Parlez- nous des particularités du variant Delta ?

-Dr M.F: La particularité du Delta est sa plus grande contagiosité. D’ailleurs, on l’a vu durant cette nouvelle vague épidémique. La cinétique d’augmentation des cas a été très rapide en comparaison à toutes les autres vagues vécues. Ce sont aujourd’hui les plus jeunes qui sont affectés et qui parfois présentent des tableaux sévères voire critiques. Je lance donc un appel à la vaccination surtout pour  les jeunes : n’hésitez pas, ne réfléchissez pas, vaccinez-vous afin de protéger vos proches et vous-mêmes. 
Il faut aussi continuer à maintenir les gestes barrières tant que cette crise est parmi nous, que l’on soit vacciné ou pas. La vaccination ne protège que contre les formes graves.

-LQ: La cadence du dépistage s’est accélérée ces derniers temps. Les MRE sont amenés à se faire dépister plus souvent. Cela engendre forcément un désagrément parce qu’il y a tout un protocole à suivre, notamment l’isolement forcé. En tant que biologiste, quelles constatations faites-vous ?

-Dr M.F: Je dirais que le désagrément est général. Le souci que nous avons constaté durant cette vague est que les voyageurs sont plus touchés que précédemment et par conséquent cela entraîne des annulations ou des reports de voyages dans les pays hôtes. Cela signifie que même les populations vaccinées, comme en général le sont les Marocains résidant dans les pays européens, sont également touchées. 



-LQ: Ces dernières semaines, le dépistage a atteint son paroxysme. Quel est globalement le pourcentage de positivité des tests ?

-Dr M.F: Les laboratoires publics et privés réalisent des milliers de tests par jour. Ces chiffres sont publiés tous les jours par les autorités de même que les taux d’incidence (nombre de cas positifs). Jamais nous n’avons atteint ce nombre de cas positifs. Toutefois, la pression sur les structures hospitalières reste un degré moindre proportionnellement, notamment à cause de la vaccination qui protège nos aînés.



-LQ: Le vaccin anti-Covid-19 peut-il provoquer un résultat positif dans le cadre d'un dépistage de la maladie, (test PCR ou antigénique) ?

-Dr M.F: Je voudrais clarifier ce point parce qu’il revient souvent : aucun vaccin ne peut provoquer un résultat positif d’un test PCR ou antigénique, ni rendre la personne malade par la Covid-19. La vaccination entraîne l’apparition d’anticorps qui vont jouer un rôle dans l’immunité et la renforcer. Elle n’introduit pas le virus dans l’organisme. Il n’y a donc pas de risque d’engendrer l’apparition du virus suite à un vaccin. 
Lorsque la maladie est présente, le virus, lui, est détecté par deux types de tests : le test de référence, gold standard, la PCR qui va détecter le matériel génétique du virus ou le test antigénique, moins sensible, qui va détecter les protéines de l’enveloppe du virus. Pour ce dernier test, il faut que le virus soit en quantité très importante dans la bouche ou le nez (naso-pharynx) pour pouvoir être détecté. Ce qui explique le cas des faux négatifs chez les personnes asymptomatiques et porteuses du virus.                                                                                                                                              

-LQ: Le chemin a été long et sinueux durant cette pandémie. Que retiendrez-vous de cette crise sanitaire et épidémiologique où le personnel médical a été fortement sollicité ?         

-Dr M.F: Je retiendrais l’engagement sans limite des professionnels de la santé, de nos équipes, de leur abnégation et dévouement à faire leur devoir dans des conditions très difficiles. Je voudrais rendre hommage à tous ces professionnels morts au front de cette terrible guerre que nous menons contre cet ennemi invisible : médecins, pharmaciens, infirmiers, techniciens de laboratoire ... J'ai une pensée particulière pour le Professeur Abdellah Benslimane, biologiste et directeur du premier laboratoire privé marocain à avoir mis en place le dépistage de la Covid-19 au Maroc, en mars 2020.                                                                                


 

Voici comment a été fixé le prix de la PCR ? 
Les prix pratiqués par les laboratoires privés ont été négociés initialement entre les autorités sanitaires et les représentants de la profession des biologistes au début de la pandémie. Ces négociations ont tenu compte de toutes les contraintes des laboratoires privés (achat des réactifs, charges supplémentaires liées à l’investissement sur le matériel, aménagement des locaux, circuit des patients distinct, locaux dédiés à la PCR, recrutement de personnel supplémentaire, taxes (TVA et taxe professionnelle). 
Ce prix avait été fixé au début de la crise à 680 DH, sachant que celui pratiqué par des organismes publics ou semi-publics non soumis aux mêmes contraintes est de 500 DH. La quasi-totalité des laboratoires privés autorisés pratique un tarif variant de 600 à 700 DH. Ce tarif reste l'un des plus bas au monde, (voir graphique) même si les réactifs vendus au Maroc sont plus chers du fait qu’ils sont importés.

 

 

Ibtissam Zerrouk 

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