Le tragique accident survenu près de la station de tramway Ibn Tachfine, à Casablanca, a brutalement mis en lumière un problème latent : la circulation des poids lourds dans les zones urbaines.
Trois morts, un blessé grave, et une station de tramway endommagée. Le bilan est lourd, à l'image des camions dont la présence en milieu urbain continue de faire polémique. Cet événement relance les interrogations sur la gestion des flux logistiques dans une métropole étouffée par ses embouteillages.
L'accident, causé par un camion ayant percuté une station de tramway à Hay Mohammadi, soulève des questions sur l'encadrement de ces véhicules dans les zones densément peuplées. Si la mairie de Casablanca a récemment annoncé un plan visant à interdire l'accès des poids lourds au centre-ville durant la journée, les faits montrent que ces mesures sont soit encore inopérantes, soit insuffisantes. Peut-on parler d'une défaillance dans la régulation des itinéraires ? Ou bien d'une lenteur à concrétiser des projets pourtant déjà annoncés ? Une chose est sûre : cet accident souligne l'urgence de passer des intentions aux actes.
Avec plus de 1,5 million de véhicules parcourant quotidiennement les artères de Casablanca, la métropole est en perpétuelle saturation. La décision municipale de créer des zones logistiques dédiées et de limiter les poids lourds au périmètre urbain, notamment en les déviant vers une route côtière, vise à réduire cette pression. Mais les résistances sont fortes. Le Syndicat des propriétaires de camions dénonce une mesure "surprenante et inapplicable", et pointe du doigt les insuffisances des infrastructures existantes et les impacts sur leur activité.
L’accident d’Ibn Tachfine donne du poids aux arguments en faveur d’un encadrement plus strict. La mise en place de plateformes périphériques pour le transit des marchandises et l’utilisation de camions plus petits en zone urbaine est présentée comme une solution logique. Mais l’adhésion des acteurs logistiques reste le maillon faible de la chaîne. Cette tragédie soulève également la problématique de l’état souvent délabré des poids lourds qui circulent dans la métropole, ce qui transforme ces véhicules en véritables dangers pour les usagers et les infrastructures urbaines.
Cet accident est un véritable un signal d’alarme. La gestion de la circulation des poids lourds est un sujet de gouvernance urbaine et de sécurité publique. Alors que Casablanca amorce une mutation de sa logistique urbaine, des défis majeurs persistent : la mise en place effective des infrastructures promises, la régulation des horaires de livraison, et surtout, l’application stricte des interdictions.
Pour les habitants, l’amélioration de la circulation et de la sécurité ne peut plus attendre. Et pour les décideurs, l’accident de mercredi est un rappel cruel que les demi-mesures ne suffisent pas.