Autant que je me souvienne, depuis que je suis au Maroc, 1996 est la seule année où il a fallu se passer du sacrifice du mouton.
J’entamais ma seconde année dans le Royaume. Je vivais toujours à la «cité des cheminots», avec des compatriotes sénégalais, mais pas les mêmes.
Comme je l’ai tantôt évoqué, certains avaient dû interrompre leurs études après deux ans, car la vie au Maroc était devenue subitement chère pour leurs parents, du fait de la dévaluation de 50% du FCFA.
Je partageais ainsi l’appartement avec deux anciens et trois «bleus» qui venaient juste d’arriver.
Il m’était de ce fait donné l’occasion de prendre ma revanche. Car, une quinzaine de jours après mon arrivée au Maroc, à la veille de la célébration de la Marche Verte, mes colocataires ont eu le malin plaisir de me faire croire qu’en ce jour particulier, très important pour les Marocains, tout le monde devait s’habiller en vert.
Faute de quoi, on se faisait rafler par la police. Le ton était tellement sérieux que le lendemain, comme j’avais rendez-vous en ville, c’est tout de vert vêtu que je m’y suis rendu. Si le ridicule tuait…
J’ai pu donc convaincre les «bleus» de cette réalité marocaine. Et ils sont tombés dans le panneau.
Quand on est novice dans un pays, on se fait avoir d’une manière ou d’une autre.
Et c’est exactement ce qui est arrivé à l’un d’entre eux.
Moins d’une semaine après son arrivée, tout le fric qu’il avait ramené, et qu’il trimbalait partout avec lui, était terminé.
Même ses frais de scolarité du premier trimestre y sont passés.
(A suivre)
D. W.