Je me suis rendu compte de toute l’importance des informations véhiculées à l’époque par les médias, principalement la télévision.
Quand on parlait de l’Afrique subsaharienne, c’était pour montrer les guerres ethniques, les coups d’Etat, la misère et la famine.
C’est à cela qu’était malheureusement associé le continent : des pays arriérés, où il n’y avait rien, habités par des sauvageons et des miséreux.
Au point que c’était ancré dans la conscience collective.
C’est pourquoi les Marocains nous posaient souvent, naïvement, des questions du genre : «Vous habitez dans des maisons ?», «Vous vous déplacez comment ?», «Vous êtes venus comment au Maroc ?».
Leurs interrogations nous irritaient, mais nous tentions, tant bien que mal, de les débarrasser de ces clichés.
Ce n’était pas évident, surtout que la plupart rencontraient pour la première fois des Subsahariens.
Il fallait qu’ils s’habituent d’abord à nous voir, ensuite à nous découvrir et enfin à nous comprendre.
Nous essayions, tout autant, de mieux les cerner, mais c’était autrement plus difficile.
Et souvent, certains d’entre nous perdaient leurs nerfs, surtout quand l’on nous faisait comprendre que nous n’étions pas seulement des étrangers, mais également des gens assez étranges.
Au sortir de mon premier cours, j’insistai auprès de mon ami pour qu’on ne prenne pas le bus. On devait se taper à peu près 40 mn de marche.
Je préférais cela que d’arriver tôt dans un appartement où l’ennui te guettait à la porte pour te servir de fidèle compagnon.
Chemin faisant, nous croisâmes des gamins qui demandèrent l’heure à mon ami.
Il répondit alors, de façon virulente, par des insultes. J’étais ébahi.
(A suivre)
LIRE EPISODE 8
D. W.