"Le célibat ? On s'ennuie. Le mariage ? On a des ennuis”.
C’est ce que disait l’acteur et dramaturge français Sacha Guitry.
Alors, se morfondre dans l’ennui ou se retrouver dans les liens sacrés du mariage, avec tout ce qu’implique de gérer un ménage ?
C’est un choix à faire. Et chacun légitimera le sien selon son vécu, ses ressentiments, voire ses convictions.
Au Maroc, il y a un constat à faire : le taux de célibat augmente et l’âge du premier mariage recule.
Le dernier tableau de bord social élaboré par la Direction des études et des prévisions financières est à ce titre assez édifiant, et impute cela à l’accès croissant à la scolarisation et à la formation ainsi que les mutations économiques qu’a connues le Maroc ces dernières années.
Selon ce rapport, le taux de célibat définitif à 55 ans a doublé en dix ans, passant de 3% en 2004 à 5,9% en 2014.
Ce taux est plus élevé chez les femmes (6,7%) que les hommes (5,1%) et parmi les citadins (6,9%) que parmi les ruraux (3,8%).
L’âge au premier mariage a aussi nettement reculé au cours des deux dernières décennies.
Il est passé de 27,9 ans en 1987 à 31,9 ans en 2018 pour les hommes et de 23,4 ans à 25,5 ans pour les femmes, selon l’enquête nationale sur la population et la santé familiale (ENPSF 2018).
Cependant, il faut noter la légère baisse de cet indicateur durant la dernière période intercensitaire chez les femmes de 26,3 ans à 25,8 ans et sa stabilisation chez les hommes autour de 31,2 ans.
En outre, les changements de comportement de la nuptialité au Maroc se sont traduits par une baisse du taux brut de natalité de 37,2‰ en 1982 à 24,2‰ en 1994 et à 16,9‰ en 2018 au niveau national.
En milieu rural, cet indicateur a baissé de 21,5 points depuis 1982 pour atteindre 18,1‰ en 2018, contre une baisse de 15 points en milieu urbain où il se situe à 16,2‰, note le rapport.
Le recul de l’âge moyen au premier mariage a également fait chuter le taux de fécondité général des femmes âgées de 15 à 19 ans de 60,5‰ en 1986 à 19,3‰ en 2018, selon l’ENPSF 2018.
Cette baisse, traduit le recul des mariages précoces à la faveur de l’éducation des femmes et de leur implication dans la vie active.
Ces évolutions ont abouti à la baisse de l’indice synthétique de fécondité de 4,5 enfants par femme en 1987 à 2,38 en 2018.
Cet indice reste plus élevé en milieu rural (2,8 enfants par femme en 2018) qu’en milieu urbain (2,12 enfants par femme en 2018).
Par région, la fécondité est relativement faible dans les régions de l’Oriental et Rabat-Salé-Kénitra (2,1), Souss-Massa (2,2), Guelmim-Oued Noun (2,3).
Elle est plus élevée dans les régions Ed Dakhla-Oued-Ed Dahab (2,9), Drâa-tafilelt (2,7) et Laayoune-Sakia El Hamra et Marrakech-Safi (2,5) en 2014.
En comparaison avec certains pays émergents, cet indice est de l'ordre de 1,5 enfant par femme pour la Bulgarie, 1,8 pour le Chili et 3,4 pour la Jordanie en 2015, fait savoir le rapport.■