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Code de la famille : Entre limites et interprétations erronées des dispositions

Code de la famille : Entre limites et interprétations erronées des dispositions

La Chambre des représentants a abrité lundi 13 mars une rencontre-débat sur le bilan du code de la famille après environ 20 ans sur son entrée en vigueur ainsi que les perspectives d'amélioration de ce texte.

Lors de ce débat organisé sous le thème ''Le code de la famille face aux défis sociaux et les contraintes culturelles'', à l'initiative des deux groupes du Mouvement populaire dans les deux chambres du parlement, en coordination avec l'Organisation des femmes harakies, les participants ont estimé que les réalités actuelles nécessitent d'introduire quelques amendements au code de la famille de manière à être en phase avec l'esprit et les dispositions de la constitution tout en respectant l'équilibre nécessaire entre les constantes religieuses et les exigences de la modernité. Et ce, à une époque marquée par des mutations qui traversent à un rythme accéléré la société marocaine.

Pour Mohamed Ouzzine, secrétaire général du parti du Mouvement populaire (MP), le code de la famille considéré à son entrée en vigueur comme une sorte de ''révolution tranquille'' dans le domaine de la protection des droits de l'homme et de la consécration de l'égalité des genres, a néanmoins rencontré des défis au niveau de son application, notamment un accompagnement timide sur les plans médiatique et de la sensibilisation et ce, pour garantir une véritable matérialisation de ce code et éviter les interprétations erronées de certaines de ses dispositions.

Car, pour lui, les lois si avant-gardistes soient-elles, restent insuffisantes pour rendre justice à la femme et atteindre l'objectif de l'égalité, plaidant dans la foulée pour un débat profond qui va au-delà du cadre législatif et juridique pour prendre en considération les dimensions culturelle, économique et médiatique tout en s'attaquant aux stéréotypes sexistes véhiculés sur les réseaux sociaux. Il a, à ce propos, relevé que les indicateurs socio-économiques révèlent que la femme est la plus impactée par les précarités, les fâcheuses incidences des crises sanitaire et environnementale ainsi que la flambée des prix, insistant en conclusion sur l'absolue nécessité de préserver la dignité des femmes et leur autonomisation économique à travers des activités génératrices de revenu dans le cadre d'une économie solidaire et sociale.

Pour sa part, la présidente de l'Organisation des femmes harakies, Nezha Bouchareb a souligné l'importance de dresser le bilan du code de la famille après environ deux décennies sur son entrée en vigueur pour mettre le doigt sur les carences à combler en raison d'une interprétation erronée de ses dispositions, notant qu'il est urgent d'actualiser le texte de loi de manière à l'adapter à l'esprit de la constitution de 2011, les conventions internationales ratifiées par le Royaume ainsi que le Nouveau Modèle de Développement. Tout en précisant que l'appel à la réforme du code de la famille s'inscrit dans le cadre de l'accompagnement de l'évolution de la société, Bouchareb a indiqué que le débat autour de la nécessaire amélioration de ce texte devrait transcender les clivages idéologiques puisque son objectif ultime est de consolider la cohésion familiale et sociale.

D'où, pour elle, l'importance de poser et de saisir les problématiques dans leur globalité tout en abordant les tabous d'une manière réfléchie et responsable.

Autre intervenant, le président du groupe du Mouvement populaire à la Chambre des représentants, Driss Sentissi qui a également pointé l'existence de certaines faiblesses dans le code de la famille au bout de presque vingt années de pratique, ce qui exige, à ses yeux, de procéder à des amendements et des correctifs suivant une démarche qui concilie respect des préceptes de l'Islam et intérêt premier de la famille, des femmes et des enfants.

Tout en estimant qu'il convient de faire montre de courage dans le débat public autour de la réforme du code de la famille, Sentissi a mis en exergue le rôle majeur sur ce registre des forces politiques et de la société civile en vue de construire un consensus reflétant les opinions de toutes les composantes de la société et préservant aussi l'intérêt de la famille.

De son côté, le président du groupe du Mouvement populaire à la Chambre des conseillers, M'barek Sbaîi a mis l'accent sur la nécessité d'élaborer des politiques publiques qui placent la femme, tout particulièrement la femme rurale au cœur du processus de développement, appelant le gouvernement à introduire l'approche des genres dans tous ses programmes et toutes ses stratégies. Il a aussi mis en avant l'importance de privilégier toujours les valeurs du juste milieu et de la modération, des fondamentaux de l'Islam, insistant également sur le rejet de toutes les formes d'excès et de radicalisation ainsi que les interprétations erronées et tendancieuses des préceptes religieux dans les questions concernant la femme et la famille, outre le rejet de toute conception biaisée de la modernité qui n'est point compatible avec les constantes de l'identité nationale.

La discussion lors de ce débat a abordé des questions concernant notamment ''l'interdiction du mariage des mineures'', ''l'égalité et la justice au sein de la famille marocaine'' ou encore ''l'effectivité de l'égalité pour un développement durable''.

 

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