La pandémie a accéléré l’usage des nouvelles technologies dans le monde, notamment au Maroc. De fait, Internet, cette arme à double tranchant, occupe désormais une place de plus en plus grandissante dans nos vies.
En plus d’être une fenêtre sur le monde, cet outil permet aux gens de tisser des liens sociaux, nécessaires en ces temps de crise.
Si les adultes arrivent à l’utiliser à bon escient, cela n’est pas toujours le cas pour les enfants, qui sont souvent exposés à de véritables dangers.
Entre réseaux sociaux, séries et films streaming, et une panoplie de jeux sur le web, il est devenu presque impossible pour les enfants de se séparer de leurs smartphones et tablettes.
Une enquête publiée en 2020 par l’Agence nationale de réglementation des télécommunications avait d’ailleurs montré que les internautes âgés entre 5 et 8 ans étaient de l’ordre de 86,1%, ceux entre 9 et 11 ans frôlaient les 90%, et le pourcentage des 12-14 ans était de 98%.
Pour Ghizlane Ziad, psychologue clinicienne spécialisée en clinique pathologie et clinique sociale, le principal danger serait qu’Internet devienne la norme, le seul repère et que l’enfant pense que tout ce qui s’y trouve est vrai.
«Les enfants, du fait de leur immaturité et leur méconnaissance du monde, peuvent ne pas avoir assez d’esprit critique. Ils peuvent ne pas avoir le réflexe de remettre en question les informations qu’ils trouvent et se contenter de croire le premier résultat du moteur de recherche», souligne-t-elle.
Sur Internet, les enfants peuvent être facilement influencés par toute sorte d’information qu’ils vont prendre au pied de la lettre.
Il existe certains forums de discussion où des personnes lambda vont raconter un vécu ou un mal-être et tenter de prodiguer des «conseils» à la communauté présente sur cette plateforme.
Or, ces témoignages délivrés sont «sans filtre et la personne peut se déverser de manière hémorragique sans forcément mesurer l’impact ou l’influence de ses propos. Ces témoignages peuvent être trop crus pour être assimilés par des enfants, et cela peut leur mettre des images en tête trop violentes pour leur âge», explique la spécialiste.
Les réseaux sociaux sont aussi source de danger. «Ils fixent des normes superficielles : on mesure la valeur de la personne à son nombre de followers et pas forcément à la pertinence de ses propos. Par conséquent, les idoles admirées et prises en exemple ne sont pas forcément celles porteuses des meilleures valeurs morales», ajoute-t-elle.
La voix de la sagesse reste dans ce cas-là les parents. Ce sont eux qui sont censés encadrer et contrôler l’usage du Net par leurs enfants, en endossant le rôle de guide.
Il est donc essentiel d’essayer d’instaurer un climat de confiance et de dialogue. De ce fait, «un environnement sécurisant pour un enfant suppose que s’il a des questions, des inquiétudes ou autres, il pourra les adresser à ses parents», précise Ghizlane Ziad, ajoutant qu’il est important que «la parole ou la question de l’enfant soit accueillie et discutée de manière neutre. Si le parent juge, se moque ou critique avec condescendance, l’enfant se sentira trahi et se renfermera sur lui-même parce qu’il n’aura plus confiance».
Communiquer sur les dangers présents sur Internet est important, mais il convient de le faire de manière neutre et pas anxiogène. « Lorsque l’on est enfant et en construction, se faire peur, se mettre en danger, fait partie de la construction normale. L’enfant apprend par ce biais à se défendre et à se protéger. Vouloir lui faire peur risque donc au contraire de lui donner envie d’explorer la chose», conclut-elle.
Par Malak Boukhari