Ici et ailleurs, les observateurs ont salué le formidable travail des secouristes.
A côté, il y avait des gratte-papier peu consciencieux qui ont fait preuve d’une légèreté outrancière dans le traitement de l’information.
Par D. William
Le petit Rayan Ouram, mort après avoir passé 5 jours coincés dans un puits, a été enterré le lundi 7 février, en début d’après-midi dans un cimetière proche du village d’Ighrane (province de Chefchaouen).
Cinq jours après son décès, l’émotion est toujours palpable. Voire vive. Nous essaierons donc de ne pas revenir sur ce drame et ses circonstances. Nous essaierons de faire fi de cette tristesse qui emplit encore le cœur de tous les Marocains pour parler de choses factuelles. Car, au-delà de ces sentiments de peine, d’amertume, de chagrin qui nous animent, il y a deux choses importantes à relever et que l’on ne saurait taire. Que l’on ne doit surtout pas taire. Et qui se retrouvent dans deux mots : fierté et colère.
• Primo : Les Marocains peuvent être fiers de la mobilisation, l’abnégation et la bravoure de tous ceux qui étaient en première ligne pour tenter de sauver le petit Rayan. Les secouristes ont bravé la fatigue et le sommeil en ayant comme unique obsession de le sortir de ce piège qui allait lui être fatal. Ils ont tout fait, tout essayé, sans interruption pendant quatre longs jours, aidés et encouragés par les gens du village dans un fabuleux élan de solidarité. Et soutenus, de loin, par tout un peuple qui, jusqu’à l’ultime instant, a prié pour que Rayan sorte vivant de ce puits. Nous avons vu un Maroc uni, dans la communion, figé sur le même objectif, où chaque foyer a vu en Rayan son propre fils. Nous avons vu un bel exemple d’unité et de solidarité nationales, qui a su faire taire momentanément les divergences et autres viles querelles. Et cela n’est pas passé inaperçu. Pour ce tragique événement, le Maroc a été au centre de toutes les attentions à travers le monde. Du Vatican à l’Organisation des nations unies, en passant par le Cameroun qui accueillait la Coupe d’Afrique des nations; des Etats-Unis à l’Algérie voisine, en passant par la France, la Belgique…, partout, les gens ont montré de la compassion, mais ont également fait des témoignages éloquents.
«A l'instar des millions de personnes dans le monde, nous avons été impressionnés par le dévouement de l'équipe de secours et la solidarité du peuple marocain, alors qu'ils gardaient espoir pour la survie de Rayan», a indiqué le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price dans un communiqué. Pour sa part, lors de son point de presse quotidien, le porte-parole adjoint du SG de l’ONU, Farhan Haq, a salué «le travail et le temps consacré par les secouristes pour sauver le petit Rayan».
• Secundo : Il y a de quoi être en colère. Vraiment en colère. Car pendant que les secouristes se démenaient pour extraire cet enfant de ce puits, pendant que Rayan se battait pour vivre, pendant que tout un peuple faisait corps et nourrissait l’espoir de le voir sauf, d’autres, comme de viles charognes, ont vu en cette tragédie un moyen de se mettre en orbite de façon très malsaine.
A commencer par une certaine presse qui a multiplié la diffusion de fakes news à un moment critique de l’opération de sauvetage, pour faire des clics et du buzz. Du bad buzz. Sans aucune décence. Sans aucun respect des règles qui régissent cette profession : l’éthique et la déontologie. Sans aucun respect pour le peuple marocain. Cette presse-là, qui a surfé sur ce drame pour induire en erreur, et pas qu’une fois, toute une opinion publique étreinte par la douleur et l’espoir, a commis des manquements et des fautes professionnelles impardonnables.
Lesquels, malheureusement, ternissent l’image de toute une profession, et précisément de ces médias qui, en ces circonstances particulières, ont fait preuve de retenue, de discernement et, surtout, de professionnalisme. Ce drame, que le monde entier a vécu en direct, exigeait des médias de la hauteur et de la rigueur.
Bref, d’appliquer les règles basiques du journalisme : donner l’information juste, dûment vérifiée et recoupée, au lieu de verser dans une pathétique course aux scoops. Et à côté de ces gratte-papier peu consciencieux, il y a des individus dénués de tout scrupule qui ont essayé de se faire honteusement quelques sous en commercialisant des tee-shirts à l’effigie du petit Rayan, alors même que ce dernier était certainement entre la vie et la mort. Même des fausses cagnottes ont été lancées au nom de la famille ! Peut-on être aussi cruel ? Peut-on être aussi ignoble pour tenter de se faire de l’argent sur le dos d’un enfant de 5 ans mourant, coincé 32 mètres sous terre pendant 5 jours ?
De ce drame qui a tenu en haleine le peuple marocain pendant 5 jours, nous tirons deux principaux enseignements. D’abord, dans l’épreuve, les citoyens savent être solidaires et généreux, spontanés dans leur envie d’aider et d’être utiles. Sans triomphalisme aucun. Ensuite, il y aura toujours des individus pitoyables, habités par une certaine forme de couardise qui les pousse à vouloir tirer profit de tout, même des évènements tragiques. C’est dommage !