Malgré l’accord signé entre le gouvernement et les centrales syndicales, les Coordinations nationales font de la résistance.
Par M. Boukhari
Le gouvernement et les centrales syndicales du secteur de l’éducation ont signé dimanche 10 décembre un accord qualifié d’«historique», portant sur l’amélioration des salaires des enseignants et le règlement de certains dossiers catégoriels. L’accord a été signé lors d’une réunion tenue sous la présidence du chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, en présence du ministre de l’Education nationale, Chakib Benmoussa, du ministre de l'Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l'Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, et du ministre délégué chargé du Budget, Fouzi Lekjaa, en plus des dirigeants des centrales syndicales les plus représentatives. Ainsi, ledit accord prévoit une augmentation générale des salaires de tous les enseignants, quels que soient leur statut et grade, d'un montant mensuel net fixé à 1.500 dirhams, à verser en deux tranches égales (1er janvier 2024 - 1er janvier 2025).
A cet effet, Benmoussa a souligné l'importance capitale que le gouvernement attache aux femmes et aux hommes de l'éducation et à leur rôle central dans la qualification du capital humain. Et de préciser que cette importance est reflétée par «l'amélioration de leurs revenus et l’attention accordée à leurs conditions sociales et professionnelles». Le ministre a estimé que l'augmentation des salaires des enseignants décidée par le gouvernement est «historique et exceptionnelle», faisant observer qu'elle «coûtera 9 milliards de dirhams en deux ans».
Par ailleurs, suite à la signature dudit accord, les centrales syndicales ont appelé au retour aux classes. Toutefois, les tensions semblent ne pas s’être apaisées du côté des coordinations nationales, qui disent vouloir poursuivre leur mouvement de grève.
«Pris au piège»
La Coordination nationale du secteur de l’éducation a fait savoir sa volonté de mener une grève de quatre jours cette semaine, joignant ainsi sa voix à la Coordination nationale des enseignants du secondaire qui avait auparavant communiqué sur une grève nationale durant les 13, 14, 15 et 16 décembre.
Et ce, tout en continuant à boycotter les tâches administratives qui ne relèvent pas de leurs spécialités. «Nous continuerons le boycott de toutes les formations prévues par le ministère, y compris le projet de l'école de leadership, les visites de classe, la suspension de l'adhésion à tous les conseils de l'établissement, ainsi que les activités des clubs éducatifs et sportifs. En outre, nous refusons de recevoir les enseignants stagiaires et nous maintiendrons le boycott des procédures liées à la surveillance de tous les examens, quel que soit leur type», peut-on lire dans un récent communiqué des coordinations.
Qui plus est, les coordinations disent condamner toutes les formes de pression sur le droit à la grève et les mouvements de protestation pacifiques entamés par les militants du corps enseignant et des cadres de soutien. Mais aussi «toute tentative de répression, temporaire ou de suspension des salaires, ou de procès fictifs contre le corps enseignant».
«Nous avons repris les cours aujourd’hui (lundi 11 décembre, ndlr) après une semaine de vacances scolaires. Nous avons eu un cours d’une heure ce matin et un autre l’aprèsmidi. J’imagine que mardi ce sera à peu près la même chose, soit une séance de cours de deux à trois heures. Toutefois, les autres jours de la semaine, à savoir mercredi, jeudi, vendredi et samedi, nous n’aurons pas de cours. Cette situation commence sérieusement à peser sur nous et l’envie d’étudier a presque disparu. Nous avons l’impression d’être pris au piège, comme si on nous forçait à faire une année blanche. Au début de l’année, j’étais vraiment enthousiaste, mais c’est compliqué de le rester dans de telles circonstances», s’insurge un élève d’un collège de Casablanca. Dans la même veine, un directeur provincial de l'éducation nationale regrette l’entêtement des Coordinations.
«Malgré l’accord conclu entre le gouvernement et les syndicats, les Coordinations des enseignants vont quand même faire la grève dans les jours qui viennent, comme ça a été le cas ces deux derniers mois. Les élèves et leurs parents se sentent réellement dépassés par les événements et expriment leur exaspération à chaque fois que l’occasion se présente. Nous avons les mains liées et nous ignorons quelle sera l’issue de cette crise», déplore-t-il.