Face à la grave crise que traversent l’éducation et l’enseignement au Maroc, il faut se rendre à cette évidence : Nous ne pouvons penser à construire une société saine (quelle qu’elle soit) sans poser d’abord deux questions d’importance capitale.
Par Abdelhak Najib
La première : comment se porte le système éducatif de ce pays en question ? La deuxième : comment est l’état de santé du civisme et des valeurs au sein de la communauté, telles que enseignées dans les écoles ? Ce sont les deux critères de base pour juger de l’état de santé d’une société aux prises avec la modernité. Tout part de ces deux points qui sont indissociables. L’un dépend de l’autre et l’influence dans les deux sens.
Une très bonne éducation, adossée à une école performante et rigoureuse, donne de la force au système des valeurs qui créent la cohésion au sein du groupe social. Si l’un de ces deux critères fait défaut, c’est tout l’édifice qui menace de s’écrouler. En ce qui se réfère à la société marocaine, en termes de mise en valeur de l'éducation nationale, autant dire que le chantier à entreprendre est immense, voire impossible au vu des erreurs épineuses à rectifier et des mécanismes de fonctionnement à mettre en place.
Pour bien comprendre cette équation à deux inconnues, faisons l’analyse de notre système éducatif. C’est très simple, et on peut l’affirmer sans détours, l’école au Maroc souffre de tous les maux. On peut en citer plusieurs aspects pour mettre la lumière sur l’ampleur des travaux à faire. Un taux d’analphabétisme qui fait froid dans le dos alors que nous sommes à quelques semaines de 2024, ce qui est considéré comme un énorme handicap au développement de la société. Un taux d’abandon scolaire effarant. Lequel abandon scolaire est la résultante directe de la pauvreté, de la marginalisation, de la vétusté de toute la théorie éducative nationale, sans parler de l’état de l’école en milieu rural. Celle-ci pâtit du manque de moyens, du désintérêt des autorités et de l’ignorance qui sévit dans les campagnes marocaines.
Nous sommes face à une école archaïque, un manque d’infrastructures criard et un désintérêt de la part des familles pour l’école publique, jugée nulle et sans apport véritable pour l’avenir des jeunes générations. Il ne faut pas, non plus, citer tous les autres maux dont souffre l’école marocaine : la violence entre élèves, la violence entre élèves et professeurs, l’invasion des drogues, les addictions et la délinquance juvénile. Les affaires qui ont défrayé la chronique, à ce propos, sont nombreuses. Nous ne pouvons faire l’économie du fait que de nombreux instituteurs et enseignants ont fait les frais d’une école à la dérive, entre coups et blessures, voire des tentatives de meurtre.
Cette école souffre de pathologies chroniques et elle a besoin dans l’urgence d’opérer un virage à 180 degrés pour sauver la jeunesse marocaine.