Sur un niveau concomitant à cette machine à doute qui lamine les existences fragiles des humains, dans un monde de plus en plus hostile, il faut se pencher sur cette «macdonalisation» de la culture avec tous ses corollaires et toutes ses ramifications, cette fausse culture, servie aujourd’hui à la carte, comme dans un hypermarché achalandé avec des ingrédients génétiquement modifiés et la garantie de l’embonpoint assurée.
Par Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste
Cette franchise a plusieurs enseignes de «la culture» fait loi aujourd’hui tout en faisant recettes sans aucune menace de fluctuation boursière. Ce zapping pseudo informatif, livré en rafales, bourre le crâne et crée une zone de trafic intense où l’inutile le dispute au futile jusqu’à atteindre le court-circuit. Une forme de surtension sous-tendue par un trop-plein de scories qui finissent par paralyser les méninges.
C’est ce processus que l’on peut nommer la fabrique de l’hilarité dans une société composée de particules vivantes hagardes et désorientées qui parlent toutes seules, qui rient jaune, qui s’adonnent à tous types de grimaces et de simagrées avec grand renfort d’hyper activité mâtinée d’hypertension sous de fausses allures d’hypersensibilité.
Dans ce processus douteux, l’urgence est d’ingérer le maximum possible de choses jusqu’à l’aérophagie cérébrale qui fait écho au ballonnement intestinal dans un circuit fermé allant du bas vers le haut et du haut vers le bas drainant du mauvais sang et causant d’intenses nausées cognitives, puisque toute cette activité en flux tendu impacte sérieusement les transmissions neuronales qui cèdent à une espèce de surchauffe doublée d’une surcharge hyper calorique entraînant vertiges, indigestion, confusion et spasmes.
L’individu en proie à ce gavage finit par se laisser aller à l’embonpoint sans retenue ni garde fous. Cet excédent pondéral affecte profondément les courroies de transmission entre le corps et l’esprit causant des caillots sanguins qui font office de bouchons bloquant toute réaction entre le coeur et le cerveau. D’où cet état végétatif dans lequel sombre l’écrasante majorité des entités humaines encore en mouvement sur cette terre. Cette catatonie finit en déficit grave en dopamine et en carence aiguë en sérotonine. Ce qui entraîne apathie, dépression voire démence et débilité précoce.
Cela se ressent quand on prend le pouls de la planète aujourd’hui. La confusion, la léthargie, l’hébétude, l’essoufflement, l’épuisement couplé à une fatigue générale et chronique, la nervosité, l’agressivité, la colère et son corollaire la rage, caractérisent des humains pressés de courir dans tous les sens, sous l’impulsion infernale d’urgences invisibles mais bien réelles, dans des paysages de béton et de ferrailles rouillées. Mais vers où courent-ils ? Et pourquoi ? Harassés et le souffle coupé, ils risquent la catalepsie à chaque pas engagé. Pourtant, ils courent. Toujours. Sans relâche.