En dépit des restrictions imposées sur le mariage des mineurs, les différentes juridictions du Royaume ont reçu, en 2020, 19.926 demandes, dont 13.335 ont eu un accord, soit un taux de près de 70%.
Certes, le niveau n’a cessé de baisser au fil des ans (33.489 actes en 2014, 30.230 en 2015, 27.205 en 2016 et 20.738 en 2019), mais il reste élevé. Les filles sont les principales victimes de ce phénomène, puisqu’elles représentent 95% des mariés.
Si l’on en croit une étude nationale sur le mariage des mineures réalisée dernièrement, ces chiffres restent biaisés et ne concernent que les mariages autorisés par le juge dans les tribunaux (mariages légaux). Ils ne recensent pas les chiffres des mariages prononcés avec la «fatiha», qui représentent environ 10% à l’échelle nationale.
Selon un rapport de la présidence du parquet général, ce niveau inquiétant est en déphasage avec l’esprit de la loi, qui a insisté sur la tolérance de ce type de mariage qu’en cas d’extrême nécessité.
Ce document explique aussi que «les juges ne sont pas responsables de ce phénomène, mais il existe de multiples facteurs qui revêtent différents aspects qui sont à la fois économique, social ou de développement».
Ce phénomène est considéré comme un facteur déterminant dans la déperdition scolaire. Il est également responsable de plusieurs troubles familiaux. Pour trouver une solution, il faut l’aborder sous ses différentes facettes. L’approche juridique et législative ne peut à elle seule y remédier. Il faut d’autres approches, notamment le volet économique, social et la sensibilisation.