Des rassemblements ont eu lieu les 27 et 28 septembre dans plusieurs villes du Royaume, à l’appel des collectifs Genz212 et Moroccan Youth Voice. Les manifestants, majoritairement des jeunes, ont mis en avant des revendications liées à l’éducation et à la santé, dans un cadre se voulant pacifique et hors des structures partisanes.
Samedi en fin d’après-midi, les marches ont commencé à se former dans plusieurs villes du Maroc. À Casablanca, quelques centaines de jeunes se sont retrouvés place des Nations-Unies, d’autres à Rabat devant le théâtre Mohammed V, ou encore à Marrakech et Fès. Le mot d’ordre, relayé depuis des semaines sur les réseaux sociaux par les collectifs Moroccan Youth Voice et Genz212 : réclamer une amélioration de l’éducation et du système de santé.
Les manifestants, pour la plupart vêtus de noir comme indiqué dans les consignes partagées en ligne, portaient des pancartes simples : “Santé pour tous”, “École digne”, “Justice sociale”.
L’appel est d’abord venu de Moroccan Youth Voice, collectif apparu début septembre via un site internet et des comptes Instagram et Telegram. Ses messages, largement partagés, appelaient à des rassemblements pacifiques les 27 et 28 septembre. Peu après, ces comptes ont disparu, laissant place à un autre nom : Genz212.
Ce nouveau collectif, plus structuré, anime notamment un serveur Discord rassemblant plusieurs milliers de membres. Les discussions y sont organisées par thèmes (santé, éducation, solidarité) et les organisateurs insistent sur trois règles : pas de violence, respect du cadre légal, et indépendance vis-à-vis des partis politiques.
Dans leurs messages, les organisateurs dénoncent un système éducatif en crise : manque d’enseignants, classes surchargées, infrastructures vétustes, et fortes disparités entre villes et zones rurales, auxquels s’ajoute la pénurie de manuels scolaires qui tardent à être distribués.
Côté santé, les critiques portent sur le manque de médecins spécialistes, la vétusté de certains hôpitaux et les difficultés d’accès aux soins, notamment après des décès récents survenus à Agadir qui ont marqué les esprits, accentuées par le manque de matériel médical et la pénurie des ressources.
«Nous ne demandons rien d’extraordinaire, seulement de pouvoir étudier correctement et d’être soignés quand on tombe malade», explique Yassine, 23 ans, étudiant en droit présent au rassemblement de Casablanca.
Déroulement des manifestations
Les marches se sont déroulées dans plusieurs villes samedi soir. À Rabat, le cortège a réuni quelques centaines de personnes avant d’être dispersé par les forces de l’ordre. À Marrakech, la mobilisation était plus réduite, tandis qu’à Fès et Meknès, de petits groupes ont tenté de se regrouper malgré un important dispositif policier.
Selon des sources locales, plusieurs dizaines de jeunes ont été interpellés, puis rapidement relâchés après audition.. Les autorités rappellent que les manifestations doivent être déclarées au préalable et soulignent la nécessité de maintenir l’ordre public.
Dans l’opinion publique, le ton varie. Certains saluent la fraîcheur d’une mobilisation «générationnelle», hors des structures partisanes. D’autres dénoncent une agitation sans ancrage réel, peut-être instrumentalisée dans un moment critique alors que le Maroc est sous le regard attentif de l’opinion et des institutions internationales, à l’approche de la Coupe d’Afrique des Nations 2025. Les interrogations persistent sur l’identité exacte des organisateurs : sont-ils vraiment des jeunes qui cherchent à s’exprimer en dehors des structures traditionnelles ou le visage visible d’un réseau plus vaste ?
En définitive, ces deux jours de mobilisation marquent l’émergence d’une nouvelle dynamique portée par des collectifs anonymes, nés sur les réseaux sociaux. Si l’ampleur des rassemblements reste limitée, leur retentissement illustre la volonté d’une partie de la jeunesse marocaine de faire entendre sa voix autour de questions sociales centrales à savoir l’école et la santé dans un cadre pacifique et discipliné, perçu comme responsable. Les forces de l’ordre, malgré les arrestations, ont globalement maîtrisé le déroulement des marches.