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Chronique : L’art d’être défaitiste

Chronique : L’art d’être défaitiste

C’est atavique. Cela colle à la peau d’une large majorité d’entre nous. Pourquoi sommes-nous défaitistes ? La question s'impose. 

 

Par Abdelhak Najib 
Écrivain-journaliste 

 

Face à cette manie que nous avons, presque tous, à tout critiquer et de trouver à redire sur tout, à refuser de voir et d’admirer ce que se fait de bien et de bon au sein de cette société marocaine si complexe et compliquée, comme si nous avions, tous, la science infuse.

Une énième conversation avec un type, comme ça, de but en blanc, débouche sur le tramway de Casa qui est une «calamité» selon lui. J'ose une réplique, du genre : «Non, le tramway a aidé des millions de Casablancais en facilitant leur vie». Le mec fulmine. Il est passé d'une simple discussion sans enjeux à celui qui défend une grosse paroisse pour une question de vie ou de mort.

Le type m'accuse, sans sourciller, que j'étais à la solde de ceux qui ont monté le projet du tram. «J'aurai aimé, mon ami, mais je n'ai pas eu cette chance. Au moins j'aurai gagné un peu de sous». Je dis cela pour apaiser l'atmosphère avec ce bougre qui s'enflamme. Rien n'y fait. Le type est remonté à bloc.
Il veut en découdre. «Tout va mal dans ce pays. Le tram une catastrophe, le TGV une calamité et tous les projets qui vont naître le seront aussi». Rien que cela !! Tout est condamné d'avance. Aucune chance de laisser faire, de se sentir un tant soit peu optimiste en se disant : «voilà cela de gagné, on verra ce que nous aurons après le tram, après le TGV, et pourquoi pas d'autres projets immenses qui vont changer la face du pays». 

Rien. Que dalle ! Tout va mal. C'est le crédo d'une grande majorité de nos concitoyens. Pourtant, il y a du bon dans ce pays. Mais nous n'avons pas appris à applaudir quand ça va bien. Nous avons juste grandi dans une société qui, souvent, avouons-le, peint tout en gris, sinon en noir, et nous sert un pessimisme de mauvais aloi. 

Comment combattre une telle pathologie sociale ? Je ne le sais pas encore, mais si vous avez une idée, je suis preneur au cas où je retombe sur mon ami survolté, je pourrai lui glisser un mot.

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