Le long bras de fer entre les médecins du secteur privé et le ministère de la Santé semble toucher à sa fin. Après plusieurs mois de manifestations contre le décret 2.21.290 relatif à l’Assurance maladie des indépendants (AMI), les syndicats des médecins libéraux se sont réunis jeudi 17 mars 2022 avec le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Khalid Ait Taleb, et le Directeur général de l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM).
Lors de cette réunion, les médecins libéraux, représentés par cinq organisations syndicales, à savoir, le Syndicat national de la médecine générale (SNMG), l’Association nationale des cliniques privées (ANCP), le Syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL), le Collège syndical national des médecins spécialistes privés (CSNMSP), et la Fédération nationale des syndicats des médecins dentistes du Maroc (FNSMDM), ont tenu à rappeler leurs principales revendications, notamment la révision de la tarification nationale de référence (TNR) et la mise en place de mesures incitatives à travers l’organisme gestionnaire de l’AMO.
Dans un communiqué conjoint, les syndicats des médecins libéraux indiquent que cette rencontre est l'aboutissement des démarches communicatives entre la tutelle et les professionnels du secteur afin de confirmer leur implication dans la mise en œuvre du chantier royal de généralisation de la protection sociale.
«C’était un dialogue responsable et nos syndicats ont été à la hauteur en défendant le citoyen avant tout. Au cours de cette réunion, nous avons mis en exergue la nécessité d’avoir une organisation au niveau des services et des prestations, ainsi qu’un accompagnement des décrets et des lois, particulièrement ceux liés à la tarification nationale et la cotisation des médecins», souligne Ahmed Benboujida, président du Syndicat national des médecins libéraux.
Et d’ajouter : «Cette réunion était l’occasion pour discuter de la participation des médecins du secteur libéral dans la réussite du chantier royal de la généralisation de la couverture médicale. Ainsi, nous avons débattu du problème concernant la cotisation des médecins, qui n'était pas équitable, puisque ces derniers payent beaucoup plus que les autres professions libérales. Nous avons également évoqué les défaillances du système de la santé au Maroc, en particulier le secteur libéral qui couvre plus de 70% des prestations sanitaires au niveau national.»
Révision de la TNR, un avantage pour le patient
Un autre point abordé entre les organisations syndicales et professionnelles des médecins et la tutelle est celui de la TNR, le tarif de référence sur la base de laquelle se font les remboursements des frais de santé dans le cadre de l’AMO.
«Notre revendication concernant la TNR est mal comprise par le citoyen. Ce que nous demandons, ce n’est pas l’augmentation des honoraires, mais plutôt la mise à jour de cette tarification, qui va constituer un bénéfice pour les patients adhérents à l’AMO», précise Benboujida.
Même son de cloche chez Saïd Afif, président du Collège syndical national des médecins spécialistes privés, qui assure que la révision de la TNR est dans l'intérêt du patient. «Contrairement à ce qui se dit, le médecin cherche à ce que le patient soit bien remboursé. Depuis 2006, la TNR n'a pas bougé alors que la loi n°65-00 portant code de la couverture médicale de base, stipule que cette tarification doit être révisée tous les trois ans. Là, nous ne sommes même pas à la 2ème révision alors que nous devons être à la 6ème. Avec une telle tarification, les patients adhérents à la CNSS ou à la CNOPS payent 54% des frais au lieu de 20%».
Selon le communiqué diffusé par les syndicalistes, le ministre de la Santé a pris trois principaux engagements. Il s’agit tout d’abord de la préparation du dossier de révision de la TNR d’ici fin octobre 2022, puis la révision de la nomenclature générale des actes professionnels, et enfin l’élaboration d’une liste d’incitations pour les médecins et dentistes, en coordination avec la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS).
Par Meryem Ait Ouaanna