La barre des 100.000 migrants arrivés par la Méditerranée en Europe depuis le début de l'année vient d'être franchie. Plus de 85.000 migrants se sont rendus en Italie et près de 9.300 en Grèce, alors que près de 6.500 ont rejoint l'Espagne. Ce sont les chiffres publiés ce mardi par l'Organisation internationale des migrations (OIM). Si ce chiffre est important, le nombre de personnes décédées en mer l’est tout autant : il s’élève à 2.247. Entre les migrants économiques et ceux contraints de quitter des pays ravagés par la guerre, ils sont nombreux à avoir été engloutis par les eaux de la Méditerranée, une mer devenue un cimetière géant à ciel ouvert. Parfois, malheureusement, dans une totale indifférence. Le phénomène migratoire est tellement devenu important ces dernières années, en raison, entre autres, de la recrudescence des tensions géopolitiques, qu’il tombe dans une forme de banalité… sadique. Même s’il est le parfait miroir de nombreuses tragédies.
Que le Roi Mohammed VI ait longuement abordé ce volet dans son discours adressé lundi au 29ème Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA) n’est, à ce titre, guère anodin. «L’Afrique perd ses jeunes, par la migration légale ou illégale. Cette déperdition est injustifiable. Le destin de nos jeunes est-il au fond des eaux de la Méditerranée ? Leur mobilité doit-elle devenir une hémorragie ? Il nous appartient au contraire de la gérer pour en faire un atout», a notamment affirmé le Souverain, soulignant que «des milliers de jeunes africains tentent clandestinement de gagner la rive nord de la Méditerranée, à la recherche d’une vie meilleure, avec tous les risques que l’on connaît. Ils sont des hommes de valeur, des ressources humaines pour notre Continent».
A noter que le Roi incite à élaborer un agenda africain sur cette thématique, qui «articulerait une vision commune des voies et des moyens de traiter la question de la migration au sein de notre Continent et dans les instances internationales». Cela dissuadera-t-il tous ces fils du continent de se laisser tenter par les sirènes de l’Europe, plus souvent au péril de leur vie ? Il faut l’espérer pour que la Méditerranée cesse... sa procession macabre.■
D. W.