La situation épidémiologique s’est considérablement améliorée ces dernières semaines au Maroc. Pratiquement tous les indicateurs sanitaires évoluent dans la bonne direction, confirmant la décrue de la vague Omicron.
Les contaminations sont en nette baisse, avec moins de 2.000 cas quotidiens actuellement, alors qu’elles flirtaient régulièrement avec les 10.000 cas journaliers début janvier. Les cas actifs sont de 21.569 au 10 février, contre près de 70.000 le 23 janvier. Le taux de reproduction du virus est inférieur à 1.
De même, s'agissant des cas de contaminations graves, le pic a été atteint la semaine du 24-30 janvier, et la première semaine de la phase descendante des nouvelles admissions en réanimation et soins intensifs a été entamée la semaine du 31 janvier au 6 février, selon le coordonnateur du Centre national des opérations d'urgence de santé publique au ministère de la Santé et de la Protection sociale, Mouad Mrabet.
Cette amélioration de la situation sanitaire est aussi confirmée par le Pr Saïd Motaouakkil, membre du Comité scientifique et technique national. «La situation épidémiologique est marquée par une courbe descendante des cas diagnostiqués journalièrement, l'indice de positivité des tests réalisés est de 8%, tandis que le taux de reproduction se situe à 0,82», souligne-t-il.
Pour autant, un indicateur reste toujours au plus haut : le nombre de décès. Depuis le début de cette année, le coronavirus a causé la mort de 878 personnes au Maroc. Ces trois derniers jours, il a tué 110 personnes, soit 40 avant-hier, 41 mercredi et 29 ce jeudi.
Pourquoi le nombre de décès reste-t-il si élevé malgré une situation sanitaire qui, globalement, s’améliore ? Cette tendance va-t-elle perdurer ?
«Effectivement, il existe une augmentation journalière des décès. Il varie entre 30 à 40 par jour», confirme le Pr Saïd Motaouakkil», soulignant néanmoins que «nous allons voir cette mortalité diminuer au fur et à mesure». Selon lui, «ce décalage entre la baisse des cas et l'augmentation des décès est normal, dans la mesure où quand les patients s'infectent, ils font la forme grave au bout d'une semaine, avec une durée de l'hospitalisation en réanimation de 2 à 3 semaines avant le décès». D'autre part, poursuit-il, «le cumul des cas au niveau des services de réanimation explique le nombre de décès quotidiens. On s'attend à la fin de la vague à la fin du mois de février», conclut-il.
Omicron, pas si bénin que ça
Même si Delta circule toujours, 99% des infections au Maroc se font par Omicron. Conclusion : c’est Omicron qui est à l’origine de tous ces décès.
«Les gens qui sont en réanimation en ce moment et qui décèdent par la suite, c’est à cause d’Omicron. C’est un virus qui tue, même s’il est 80% moins létal que Delta. Néanmoins, il n’est que 25% moins virulent que Delta», précise le Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en systèmes et politiques de santé.
«Si l’on a observé moins de cas graves et moins de décès dans certains pays durant la vague Omicron, ce n’est pas parce que ce variant est moins dangereux, mais c’est plutôt parce qu’il était confronté à des gens vaccinés ou qui avaient déjà été infectés», tient-il à préciser.
Notant que «chez une personne qui n’a pas été infectée auparavant et qui n’est pas immunisée, la virulence intrinsèque d’Omicron est juste 25% moins que celle de Delta, lequel, rappelons-le, est beaucoup plus virulent qu’Alpha et la souche classique. Cela explique pourquoi Omicron tue, surtout chez les personnes qui n’ont jamais été vaccinées ou qui n’ont jamais attrapé le virus auparavant», poursuit-il.
En outre, précise Dr Tayeb Hamdi, le niveau élevé des décès se justifie par le fait que «nous avons dépassé le pic de la vague Omicron fin janvier. Sauf que dans une vague, il y a trois pics : le premier, ce sont les contaminations; le second, qui vient 10 à 15 jours après, concerne les admissions en réanimation, et le dernier, qui intervient une semaine après, est le pic des décès. Ces trois pics suivent donc l’évolution naturelle de la maladie. C’est pourquoi nous constatons donc une décrue rapide des cas positifs, mais un niveau élevé des décès».
De même, le fait que la vague Omicron n’ait pas touché toutes les régions du Maroc en même temps est un autre facteur explicatif du plateau haut de décès actuel. «C’était d’abord Casablanca et Rabat, ensuite les autres régions. Nous avons donc des pics régionaux qui créent un décalage se traduisant au niveau national par une courbe de décès moins haute, mais plus longue», explique-t-il.
Selon Hamdi, «nous devrions assister à une décrue très rapide des décès à partir de mi-février».
D. W.