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Les ravages des drogues au Maroc : Cocaïne et héroïne en famille

Les ravages des drogues au Maroc : Cocaïne et héroïne en famille

Malgré ce que l’on peut appeler la «démocratisation» des drogues dures, comme l’héroïne et la cocaïne, pour se payer un bon trait ou un shoot d'enfer, il faut avoir les reins solides. Matériellement s'entend.

 

Par Abdelhak Najib 

Les addicts, quel que soit leur degré de toxicomanie et de consommation, doivent  débourser une petite fortune chaque semaine pour entretenir leur «trip». Et on a vu des familles, comme celle devenue célèbre à Tanger, vendre ses biens pour assurer à ses enfants et au mari, leurs doses quotidiennes. Un cycle vicieux qui a entraîné dans les abysses de nombreuses familles marocaines, particulièrement dans une certaine frange sociale où l’on a les moyens d’entretenir ses addictions en y mettant le prix. Les exemples sont très nombreux de familles qui organisent des cocaïnes parties ! Oui, des soirées pour sniffer et s’envoyer en l’air entre amis et copains. De la poudre en petits monticules, de l’alcool, des joints, des chikhates, un chikh avec son «bendir et sa Ta3rija», des filles et du sexe… Le tout avec femmes et enfants, cousins et cousines, oncles et tantes, amis et copines. 

La soirée est réussie quand on est nombreux car plus on est de tous, et plus on prend du bon temps. C’est la formule consacrée pour ce genre de happenings. C’est devenu un rituel sacré pour de nombreux addicts. Ils n’ont de plaisir qu’en le faisant en groupe et entre familles d’addicts. Pour certains, c’est devenu une marque de prestige: «Oui, c’est plus cool de faire ça chez soi ou chez des amis proches. Nous aimons tous la coke et nous en profitons en groupe. Nous faisons la fête, nous invitons du monde comme nous et nous nous payons un trip d’enfer». 

Pour cet homme, c’est cela le Nec plus ultra de la «branchitude», la drogue attitude, l’extase, trois fois par semaine, chaque fois chez untel, avec de temps en temps de nouveaux venus, qui entrent dans le inner cercle par cooptation. N’entre pas qui veut. C’est un cercle fermé. C’est un club privé. C’est un rite sélect. Alors, il faut des appuis, une bonne recommandation ou des atouts physiques évidents comme self piston. 

Le rituel est simple : «au lieu de le faire chacun tout seul, on préfère partager et créer des occasions pour nous réunir. Je prends de la voie depuis 15 ans, ma femme aussi et mes deux aînés. C’est moi qui approvisionne tout le monde. Mes cousins aiment ça aussi. Alors, on organise des fêtes et on rencontre du monde. C’est très sympa». C’est l’état d’esprit de rigueur pour certains addicts. Ils disent qu’ils gèrent. Ils sont sûrs d’être in et très avant-gardistes. Ils affirment vivre sur une autre planète. 

En effet, cet homme et son cercle sont complètement coupés des réalités. Ils ne veulent rien entendre sur les dangers des drogues et sur les dégâts que cela provoque. Le déni est total et il est mâtiné d’une grosse dose d’autosuffisance. 

Alors, la question qui se pose, est la suivante : Sort-on un jour de la blanche ? Sans médecin, sans un bon traitement psychiatrique, sans suivi. Jamais. On tombe et on tombe jusqu’à finir six pieds sous terre. Les dégâts sont innombrables : au-delà des conséquences liées à la toxicomanie, on en observe d'autres dangers qui se révèlent de véritables fléaux sociaux. Il s'agit du sida dont un bon nombre de Marocains souffrent à la suite d'une seringue douteuse, d’un rapport non protégé, d’une soirée entre addicts qui finit en partouse. Sans oublier les vols et les agressions au sein des familles, commis au nom d'un shoot improbable sans compter la destruction physique et mentale, la violence conjugale ou familiale, l'agressivité, la folie… etc.

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