Rayan n’aura pas connu le destin de Ryan, l’un des héros du film de guerre de Steven Spielberg, «Il faut sauver le soldat Ryan».
Le brave petit «soldat» Rayan a livré, si jeune, sa dernière guerre. Contre ses blessures. Contre le froid. Contre la peur. Contre la solitude. Contre l’angoisse. Contre un trou noir. Contre ce puits qui l’a happé un jour de février 2022.
Il a guerroyé jusqu’au bout. Jusqu’au dernier soupir. Vaillamment. Seul. Avec pour uniques armes le courage d’un jeune guerrier, d’un lionceau.
Il s’est accroché à la vie. Il s’est battu pour retrouver ce monde qui était juste là-haut, 32 mètres au-dessus de lui. Puisant peut-être ses forces dans l’espoir de retrouver une mère aimante. Un papa qui le chérissait. Un copain avec lequel il aimait partager des plaisirs puérils.
Mais sa témérité n’a pas suffi. Cinq jours de calvaire ont eu raison de ce corps chétif, agressé par les blessures et le froid.
Cinq jours durant lesquels les secours ont pioché, creusé, foré… sans arrêt, bravant la fatigue et le sommeil.
Cinq jours durant lesquels le monde entier avait les yeux rivés sur Chefchaouen, nourrissant l’espoir de voir Rayan sauvé.
Cinq jours durant lesquels les prières ont fusé de partout pour que la terre refoule avec clémence de ses entrailles ce bout de chou sain et sauf. En vain.
Une âme pure s’en est allée. Rayan est parti. Il a rejoint le royaume des anges. Il a vécu le temps que vit une rose. Une vie courte. Trop courte.
Samedi soir, les Marocains sont allés se coucher ivres de tristesse, les yeux remplis de larmes.
Ce dimanche matin, ils se sont réveillés avec la gueule de bois. Un réveil douloureux. Pénible. Avec le sentiment d’avoir perdu un proche. Un être très cher, même si nous ne le connaissions pas. Ce matin, nous sommes tous orphelins de Rayan.
A cinq ans et en cinq jours, il a en effet gagné, par sa vaillance, le cœur d’une cité, d’une province, de tout un pays, et même au-delà. Ici, en France, en Belgique, au Sénégal, en Tunisie…, partout on pleure sa disparition dans un élan de compassion internationale.
Oui Rayan, tu nous manques. Mais rassure-toi : même avec une mémoire qui s’use avec le temps, nous ne t’oublierons jamais.
Un jour, dans 5, 10, 50 ans, voire un siècle, les conteurs raconteront ton histoire. «Il était une fois, à Chefchaouen, dans la commune de Tamorot, vivait un courageux petit garçon nommé Rayan…», diront-ils.
Ton nom est gravé à jamais dans nos cœurs. Ta force et ton courage imprègnent désormais la mémoire collective.
Que Dieu t’accueille dans Son vaste paradis Rayan !
D. William