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Retour à une vie « normale » : Soyons prudents !

Retour à une vie « normale » : Soyons prudents !

Selon le ministère de la santé, c’est la fin de la deuxième vague Omicron. Ce qui revient à dire que nous avons dépassé, d’une certaine manière, la  zone de turbulences, qui a ajouté son lot d’angoisse dans un climat social déjà très perturbé par l’érosion du pouvoir d’achat.

 

 Par Abdelhak Najib
 Écrivain-journaliste

La fin de cette dernière vague ne veut en aucun cas dire la fin de la pandémie du Covid-19, qui fait encore des victimes au Maroc, et partout ailleurs dans le monde. Mais la vie, comme nous l’avons tous constaté, depuis déjà plusieurs mois, reprend son cours normal avec plus de sérénité et avec plus d’activités à la fois sociales, économiques et culturelles. 

Quand on prend le pouls de la société, dans les différentes régions du Royaume , nous remarquons, de manière évidente, que les Marocains sont moins frustrés et cherchent à retrouver leur rythme de vie d'avant le Covid. Les gens sortent plus, ils s’amusent, ils retrouvent une certaine liberté pouvant vaquer à leurs occupations, sans restrictions, en dehors, bien entendu, des mesures sanitaires qui doivent encore être observées puisque l’état d’urgence sanitaire est toujours en vigueur. Plus d’activités économiques, une reprise du travail, une embellie pour des secteurs clefs comme le tourisme et certains commerces. En gros, le Maroc reprend vie au grand bonheur de sa population qui retrouve le sourire, l’espoir et la liberté.
 
Pourtant, malgré cette éclaircie, il ne faut pas oublier tous les dégâts directs et collatéraux occasionnés par cette grave crise sanitaire. D’abord, l’impact très négatif sur le tourisme, qui a passé deux années extrêmement difficiles et qui reprend, petit à petit, son niveau de 2019. En effet, une progression des arrivées  est notable avec +33% par rapport au même mois de juin 2019 (633.791 en 2022 contre 457.112 en 2019) et des nuitées de +12% ( 1.633.356 en 2022  vs 1.457.552 en 2019), des chiffres qui sont prévus à la hausse d’ici la fin août 2022.

Cette baisse qui a lourdement handicapé le secteur du tourisme est clairement due aux restrictions et à la fermeture des frontières. Certes, les autorités ont pris les devants avec des mesures préventives, mais, dans certains cas, par rapport à certaines périodes précises, le maintien de la fermeture des frontières a accentué la crise, alors que des pays partenaires avaient déjà, de leur côté, permis certains déplacements à des destinations, plus sécures, comme c’est le cas du Maroc.

Au niveau de l’impact sur la vie des Marocains, comme partout ailleurs dans le monde, la crise a plongé les populations dans le besoin, surtout avec la flambée des prix de presque tous les produits. Nous l’avons vu, au Maroc, les prix des hydrocarbures continuent de faire débat, à juste titre, puisque les tarifs ont baissé partout dans le monde, mais au Maroc, l’addition à la pompe frôle encore les 15 dirhams.

C’est le même constat par rapport à des produits comme les huiles et graisses, dont le prix à grimpé de 2,7%, le lait, le fromage et les œufs de 2,1%, les eaux minérales, les boissons rafraîchissantes, les jus de fruits et les  légumes» de 0,8% et le café, le thé et le cacao qui ont aussi augmenté de 0,4%.
Face à la crise, le gouvernement a tenté de faire face, mais l’impact a été profond vue la conjoncture mondiale, surtout pour un pays qui importe beaucoup et qui ne produit ni gaz ni pétrole.
 
Cet impact a été encore plus frappant avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ce qui a touché de plein fouet, les prix des hydrocarbures, mais surtout l’approvisionnement du blé, non seulement en Europe, mais surtout en Afrique, qui dépend presque entièrement des importations, créant ainsi des famines et des crises régionales de plus en plus graves, voire dangereuses pour la stabilité des pays les plus vulnérables du continent. 

Avec 20 et 25 millions de tonnes de blé sont bloquées en Ukraine, considéré comme le grenier de l’Europe, cela a poussé, à titre d’exemple, le Maroc a déboursé 3,3 Mds de Dhs pour subventionner le blé importé, et la facture devrait atteindre 6 Mds de Dhs au terme de cet exercice.
 
Et la guerre en Ukraine, qui semblerait être une attaque-éclair, dure déjà depuis plus de six mois, et risque, selon les spécialistes de durer encore des années, plongeant le monde dans l’incertitude, avec des crises alimentaires successives et des risques de débordements dans d’autres régions comme c’est déjà le cas entre la Serbie et le Kosovo, le tout exacerbé par la montée en puissance des nationalismes comme on peut le voir en Hongrie, en Grèce, en Italie, en Roumanie, en Croatie et ailleurs.

Quand on connaît la fragilité d’une région comme les Balkans, il est difficile de prédire si les Occidentaux, avec en tête l’Union européenne, adossée à l’OTAN, pourraient contenir la mèche de la guerre qui menace l’Europe de la Mer Baltique à la Mer noire, de Moscou à Varsovie.
 
Face à ce nouvel ordre mondial qui se dessine, avec la pandémie qui a fait plus de 25 millions de victimes directes et indirectes (c’est plus que la première guerre mondiale, qui a duré cinq ans !), qui a aussi plongé les économies mondiales dans une récession qui dure dans le temps, avec le gros impact sur les régions les plus pauvres, les plus précaires et les plus marginalisées (l’Afrique attend toujours des millions de doses de vaccins qui n’arrivent toujours pas !), avec la guerre déclenchée par la Russie, avec l’attentisme de l’Europe et des USA, face à une Chine de plus en plus conquérante et une Asie qui réfléchit déjà à créer un marché indépendant incluant les Russes, les Chinois, les Indiens, les Kazakhs et d’autres pays producteurs d’hydrocarbures de l’Asie centrale, avec la probable alliance de la Turquie, qui voit toujours la porte d’entrée en Europe fermée, quel sera le monde de 2025 ?
Les populations du monde pourront-elles faire face à cette succession de graves crises ? Pourraient-elles  développer une autre immunité, en plus de l’immunité contre des virus comme celui du Covid-19, qui selon, les chercheurs menacent encore l’ensemble de l’humanité, avec de nouvelles souches et de nouveaux variants ? Comment faire face aux graves changements climatiques qui touchent toute la planète.

Des dérèglements qui ont lourdement frappé le Maroc, avec des feux de forêt, une terrible sécheresse, une baisse historique de la pluviométrie, un taux de remplissage des barrages au plus bas, le tout avec un véritable stress hydrique mondial qui constitue une réelle menace sur le monde, puisque la planète compte déjà des centaines de millions de réfugiés climatiques, poussés à l’errance parce qu’ils n’ont plus rien à boire ni à manger.
 
Face à cette inextricable équation, où va le monde ? Pour répondre simplement à cette question, il faut dire que tous les signaux sont au rouge, et ce, à tous les niveaux. Jamais, la planète n’a été aussi fragilisée. Jamais, la paix n’a été aussi menacée. Jamais, la vie des gens n’a été aussi insignifiante. Jamais, le futur n’a été aussi incertain.

Ce qui fait dire à l’auteur de « Effondrement », Jared Diamond, ces mots si prémonitoires : «Tous autant que nous sommes – propriétaires, investisseurs, politiques, administrateurs d'universités, etc. –, nous pouvons nous permettre de négliger un certain nombre de gaspillages lorsque la conjoncture économique est bonne. Nous oublions toutefois que les conditions fluctuent et qu'il est possible que nous ne soyons pas capables d'anticiper le moment où la conjoncture se retournera. À ce moment-là, nous nous serons peut-être déjà habitués à un mode de vie dispendieux, ce qui ne nous laisserait comme issue qu'une alternative : la réduction drastique de notre mode de vie ou l'effondrement.»

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