Détournement de marchandises, actes d’harcèlement, narcissisme et égocentrisme des influenceurs…, le séisme d’Al Haouz s’est mué en un théâtre de comportements scandaleux. La toile s’indigne.
Le récent séisme qui a secoué la région d'Al-Haouz au Maroc a déclenché une forte réponse nationale en matière de solidarité et de mobilisation pour venir en aide aux victimes. Mais force est de constater que cette vague de générosité et de compassion a été tristement entachée par des actes choquants de certains individus sans scrupule. Les réseaux sociaux se sont enflammés par des accusations à l'encontre d'influenceurs, ainsi que des dénonciations d'actes abjects, tels que des cas d'harcèlement sexuel envers les victimes vulnérables de cette catastrophe naturelle.
En effet, certains influenceurs, qui détiennent une grande portée sur des plateformes comme Instagram, ont été fâcheusement critiqués pour leur comportement insensible. Au lieu de se concentrer sur la mobilisation de ressources et de soutien pour les victimes, certains ont choisi de transformer cette tragédie en une opportunité de promotion personnelle, se montrant totalement déconnectés des réalités de ceux qui souffrent. Les réseaux sociaux, qui ont le potentiel de mobiliser des masses pour des causes humanitaires, sont malheureusement devenus le théâtre de l'égocentrisme. Autant dire que le malheur des uns fait le bonheur des autres.
Sur la toile, les critiques fusent de toute part : «Scandaleux ! Les victimes du séisme méritent bien mieux que d'être exploitées pour des likes et des followers. Ces gens font pitié !», écrit un internaute sur X. «La générosité des donateurs mérite d'être respectée, pas exploitée… Moralité perdue», se désole un autre.
Pour ces internautes, la véritable influence ne réside pas dans le nombre de likes ou d’abonnés, mais dans la capacité à susciter l'empathie et à mobiliser des ressources pour aider ceux qui en ont désespérément besoin, surtout en ces temps difficiles.
Les réseaux sociaux ont également été le théâtre de révélations accablantes. Des captures d'écran et des témoignages ont dévoilé des actes d'harcèlement ou même de tentatives de traite d'êtres humains sur les victimes du séisme.
«Aucune permissivité à l'égard de ceux qui profitent des enfants ... à l'heure qu'il est, ils devraient déjà être interpellés ... intransigeance la plus totale», s’indigne dans un post un internaute sur X.
«Depuis hier nous recevons des captures d’écran et des partages de témoins d’actes d’harcèlement ou de tentatives de traite d’êtres humains sur les victimes du séisme d’Al Haouz. Ce sont des actes abjects qu’il faut dénoncer !», déplore-t-on sur la même plateforme.
La réaction des autorités ne s’est pas fait attendre. Puisque quelques heures seulement après l'alerte des citoyens et de la société civile, un premier suspect a été arrêté à Errachidia. Il s’agit d’un étudiant universitaire, auteur présumé d'un contenu électronique où il menace de commettre des agressions sexuelles dans l'une des régions touchées par le séisme.
Les services de veille informatique de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) avaient détecté une publication sur les réseaux sociaux, dont l'auteur, âgé de 20 ans, affirme qu'il compte se rendre dans l'une des zones touchées par le tremblement de terre dans le but de commettre des agressions sexuelles sur des mineures, indique un communiqué de la DGSN, faisant état de l'ouverture d'une enquête judiciaire qui a abouti à l'identification et l'arrestation du suspect.
Trahison de la confiance des donateurs
La brigade de la police judiciaire de Témara a ouvert, jeudi matin, une enquête sous la supervision du parquet compétent afin d'élucider les actes criminels attribués à trois individus, dont un chauffeur de camion, son assistant et le propriétaire d’une épicerie, soupçonnés d’abus de confiance et de détournement de produits alimentaires rassemblés dans le cadre des initiatives solidaires avec les victimes du séisme.
Les services de sûreté avaient reçu un signalement d’une femme s'activant dans le secteur associatif, qui soupçonnait le chauffeur du camion et son aide d’avoir modifié la destination de produits rassemblés et expédiés par des bénévoles au profit des victimes du séisme, et de les avoir stockés dans un local commercial situé dans la ville de Témara, indique une source sécuritaire.
Par ailleurs, le ministère Public a illico réagi à cette situation en donnant des directives aux parquets pour traiter rapidement les plaintes liées au détournement de produits de consommation et de provisions fournies bénévolement. De plus, les enquêtes sur les allégations de comportements inacceptables sont en cours, et des procédures légales seront engagées contre tous ceux qui sont impliqués.
En conclusion, force est de reconnaitre que le chemin menant à la guérison et la reconstruction ne peut se faire qu'en garantissant la protection des plus vulnérables et en punissant sévèrement ceux qui cherchent à exploiter la misère d'autrui.
Par Y. Seddik