Les multiples facettes du parcours d’Edmond Amran El Maleh philosophe, écrivain,critique d’art et acteur engagé de la vie politique et de la scène culturelle et artistique ont été au cœur d’une conférence de haut niveau à Rabat dans le cadre de la 29ème édition du Salon international de l’édition et du livre (SIEL) qui a consacré un stand en hommage à la mémoire de cette icône du paysage intellectuel marocain.
Organisée par la Fondation Edmond Amran El Maleh en coordination avec le ministère de la Culture, cette rencontre a fait salle comble autour de tous ceux nombreux venus écouter le amis du défunt et fins connaisseurs de son oeuvre, le Conseiller de S.M le Roi, André Azoulay, le romancier, poète et ancien ministre de la Culture, Mohamed Achaari,le professeur Driss Khrouz, et le chercheur Mohamed Habib Samrakandi.
«Compagnon de route précieux et exigeant, mentor éclairé et pionnier, Edmond Amran El Maleh aurait été avec nous le plus heureux des Marocains en ce mois de mai 2024 à Rabat au milieu de ces dizaines de milliers de visiteurs de toutes générations venus de tout le Maroc pour fêter le livre, pour écouter et pour débattre autour de tous les livres», a déclaré A . Azoulay en rendant hommage au ministère de la Culture pour le succès sans précédent de cette édition du SIEL «riche des plus belles promesses pour notre pays aujourd’hui et demain».
«Chantre talentueux, engagé et militant de la diversité, E. A El Maleh aurait aussi ce soir pris avec nous et avec fierté la juste mesure du momentum historique que connaît notre pays s’agissant de la légitimité et de la richesse de toutes nos diversités, désormais portées par un consensus national qui est au cœur du leadership de notre pays alors que fleurissent tout autour de nous les illusions de l’exclusion, du repli identitaire et du déni de l’autre», a souligné le Conseiller de SM le Roi et président de la Fondation E. A El Maleh.
Rappelant «qu’il avait eu avec E. A El Maleh l’amour et la passion d’Essaouira en partage», A. Azoulay lui a réitéré «son infinie gratitude pour les plus belles pages qu’il a écrites sur cette saga souirie et son Judaïsme éclairé qui nous a appris très tôt à tous les deux comme à beaucoup d’autres que c’est en veillant à la dignité et à la liberté de l’autre qui était en face de nous et qui n’était pas Juif que se modelaient et se nourrissaient la pérennité, l’éthique et la modernité philosophique et sociale du Judaïsme marocain.
«Pour sa part, M. Achaari a salué la «démarche poétique» caractérisant l’oeuvre de ce «philosophe des valeurs et de la vie». A ses yeux, l’écriture d’Edmond Amran El Maleh ne se base pas «sur la vie» mais «c’est la vie tout court motivée par la quête de liberté, de découverte et de défense des causes justes». Outre son engagement pour la cause palestinienne, M. Achaari a cité l’attachement de ce grand intellectuel juif marocain à la mémoire du judaïsme marocain dans le cadre d’une approche axée sur la relation entre le présent et le futur, et non tournée vers le passé.
L’anthropologue Habib Samrakandi qui fait «acte d’amitié perpétuelle» avec Edmond Amran El Maleh, a partagé avec l’assistance des extraits de ses écrits qui témoignent de la diversité de la société marocaine où «il ne s’agit pas de vivre ensemble ou pas la même religion mais plutôt un destin commun» ajoutant que l’œuvre d’El Maleh incarne «un tronc qui a des ramifications dans chaque mot, chaque phrase, chaque texte».
Le professeur Driss Khrouz qui modérait cette conférence avait défini trois axes pour ces regards croisés sur l’oeuvre «complexe» d’Edmond Amran El Maleh, à savoir «le sens», «le site, au sens anthropologique du terme (acteurs, sujets)» et «la reconnaissance de la marocanité dans la diversité». Digne descendant d’une grande famille souirie et né à Safi en 1917, Edmond Amran El Maleh, mort à Rabat en 2010, a été et restera une figure incontournable du paysage littéraire marocain.