Avec l’approbation, jeudi dernier, du projet de décret n° 2.23.1055 portant application des dispositions de la loi n° 10.22 relative à la création de l'Agence marocaine du médicament et des produits de santé (AMMPS), le Maroc renforce sa marche vers la souveraineté pharmacologique.
Mise en place dans le cadre du chantier de réforme du système national de santé, ladite Agence a pour mission d’appliquer les orientations stratégiques de la politique du pays, visant à assurer la souveraineté médicamenteuse, la disponibilité des médicaments et des produits de santé ainsi que leur sécurité et qualité.
L’Agence a également pour rôle de contribuer à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation de la politique pharmaceutique nationale et de veiller à la régulation et au contrôle du secteur. Outre cela, l’AMMPS est chargée du développement de l’industrie pharmaceutique et des produits de santé, particulièrement l’industrie locale des médicaments génériques et biosimilaires. Ce dernier point demeure extrêmement important puisqu’avec la généralisation de la couverture médicale, la demande des médicaments, notamment ceux traitant les affections chroniques, connaîtra une forte croissance. Afin de parvenir à satisfaire cette demande, la priorisation de l’utilisation des médicaments génériques et des biosimilaires demeure indispensable, d’où la nécessité de renforcer la production nationale.
«Les génériques représentent déjà l’essentiel de la fabrication locale, mais ce n’est pas encore le cas des biosimilaires dont la présence reste très timide. L’ensemble du secteur pharmaceutique s'impatiente de la mise en œuvre effective de l’Agence marocaine des médicaments et des produits de santé. Les professionnels s’attendent à ce que celle-ci fasse preuve de transparence et respecte les traitements avec célérité des différentes demandes d’autorisation, en plus de la simplification des procédures administratives», souligne Abdelmajid Belaïche, expert en industrie pharmaceutique et membre de la Société marocaine de l’économie des produits de santé.
En multipliant ses initiatives visant à renforcer la production pharmaceutique locale, le Maroc est résolument déterminé à atteindre la souveraineté nationale en matière de médicaments. Par le biais de l'Agence marocaine du médicament et des produits de santé, le Royaume s'est d’ailleurs engagé à ce que la production nationale couvre 70% des besoins du marché.
«Au Maroc, les investissements annuels dans l’outil industriel pharmaceutique et l’innovation technologique et dans la qualité des médicaments sont de l’ordre de 800 millions de dirhams par an. L’industrie pharmaceutique marocaine représente 5 milliards de dirhams de valeur ajoutée, ce qui en fait l’un des secteurs à la plus forte valeur ajoutée de notre pays. Le processus de construction de nouvelles unités industrielles ou de la mise à niveau des unités existantes, est un processus continu», affirme Abdelmajid Belaïche.
«La souveraineté est bien là et la pandémie du Coronavirus l’a très bien démontré, grâce à la résilience de notre industrie pharmaceutique face au Covid-19. Sauf que cette souveraineté n’est pas encore entière, elle est menacée et nécessite des mesures de sauvegarde», poursuit l’expert.
Conscient de l’importance de bâtir un système de santé solide et performant, le gouvernement accorde une attention particulière aux questions liées à ce secteur. En plus du renforcement de la production pharmaceutique, l’Exécutif aspire à garantir le développement du stock de sang humain. Dans ce sens, le Conseil du gouvernement a approuvé, jeudi dernier, le projet de décret n° 2.23.1056 portant application de certaines dispositions de la loi n° 11.22 relative à la création de l'Agence marocaine du sang et de ses dérivés. Ce nouveau texte vise à confier la tutelle étatique de ladite agence à l'autorité gouvernementale chargée de la santé. Pour rappel, cette agence a pour objectif principal de fournir tous les dérivés du sang, en toutes circonstances, et de veiller à sa sécurité et sa qualité.
Par M. Ait Ouaanna