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Tout en prenant en compte que la troisième dose du vaccin est obligatoire afin de garder un pass vaccinal valide, plusieurs Marocains sont aujourd’hui réticents à la prendre. Rencontrés dans le centre-ville de la métropole, des Marocains expliquent leur hésitation face à cette troisième dose. 

«J’ai attrapé le virus deux fois, la première c’était avant la réception de la première dose, j’avais eu des symptômes modérés. Par contre, la deuxième fois, j’étais doublement vaccinée et pourtant j’ai eu des symptômes sévères, dont une importante détresse respiratoire. Depuis, j’ai pris la décision de ne pas faire les doses de rappel du vaccin contre le Covid-19, puisque j’ai constaté que les deux premières injections ont considérablement affaibli mon système immunitaire », confie Fatima Zahra, 24 ans.

Si certains hésitent à prendre une dose rappel suite à leur inquiétude concernant les effets secondaires du vaccin, d’autres trouvent que la durée entre les deux premières injections et la dose de rappel est insuffisante. «L’intervalle entre la deuxième et la troisième dose me semble très court. Certes, les doses de rappel existent pour tous les types de vaccins, mais dans ce cas-là, quatre mois, je trouve que c’est trop rapproché. Donc, pour l’instant, je refuse de prendre cette troisième dose», estime Yasmine, âgée de 32 ans. 

Pour sa part, Alae, 25 ans, considère que la réception de la troisième dose n’est pas nécessaire tant qu’il arrive toujours à s’en sortir, même avec un pass sanitaire invalide. «Au départ, pour les deux premières doses j’étais hésitant, mais j’ai fini par les prendre à contrecœur étant donné que sans pass vaccinal, j’étais privé de plusieurs activités. Mais là pour la troisième dose, je préfère attendre pour voir comment les choses vont évoluer. Pour l’instant, je circule librement malgré l’expiration de mon pass vaccinal et ça me va bien», précise-t-il. 

Du côté des professionnels, la réticence de certains Marocains quant à la réception de la troisième dose s’explique par plusieurs raisons. «La campagne de rappel de la troisième dose connaît un ralentissement au Maroc. Notons toutefois que l’émergence d’Omicron a relancé la vaccination mais ça reste au-dessous des attentes. Aujourd’hui, trois Marocains sur quatre sont réticents par rapport à la réception de la troisième dose, et ce pour plusieurs raisons», explique Dr. Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en systèmes et politiques de santé et vice-président de la Fédération nationale de la santé.

Selon Hamdi, l’une des principales raisons pour laquelle les Marocains sont réticents vis-à -vis de la réception de la troisième dose est l’amélioration de la situation épidémiologique. «Suite à la baisse des cas, les gens ont rapidement oublié la nécessité de la protection et se sont plutôt concentrés sur les effets indésirables de la vaccination. Ces personnes croient que l’amélioration de la situation sanitaire veut dire que la vaccination n’est plus nécessaire, ce qui est complètement faux», souligne-t-il.

Outre l’amélioration de la situation épidémique, ce spécialiste considère que la propagation des infox autour de la campagne de vaccination, a nourri la peur des Marocains vis-à-vis de cette dose rappel. «La généralisation du pass vaccinal au Maroc a poussé les antivax à faire circuler sur les réseaux sociaux toute une série de fake news en rapport avec la vaccination contre le Covid-19. Les Marocains se sont donc retrouvés dans un déluge d’informations erronées, ce qui a augmenté leur réticence à la réception de la troisième dose», explique-t-il.

Pour conclure, le vice-président de la Fédération nationale de la santé rappelle que la vaccination demeure nécessaire quel que soit le stade de l’épidémie. «La réception de la troisième dose est indispensable, notamment pour les personnes à risque. Au vu de l’évolution de la situation épidémiologique, nous parlons beaucoup ces derniers jours du retour à la vie normale mais cela ne doit pas empêcher les gens de compléter leur schéma vaccinal, car le virus va rester de manière endémique pendant des années, même après la fin de la pandémie. Le meilleur moyen pour profiter du retour à la vie normale est d’être complètement vacciné.

Par Meryem Ait Ouaanna