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Soutenir la Palestine en France : Un délit passible de prison

Soutenir la Palestine en France : Un délit passible de prison

Afficher sa solidarité avec la Palestine est désormais un délit potentiel en France. Les préfets, les parquets, les policiers, toutes ces instances ont reçu la consigne.

 

 

 

Par Abdelhak Najib, Écrivain-journaliste

Cela va d’un discours improvisé dans un café à un tract dénonçant l’engrenage de la guerre, comme c’est le cas de ce syndicaliste CGT qui a écopé d’un an de prison avec sursis.

Le prévenu a même reconnu devant le tribunal que sa formulation était malvenue, mais que le principe de son action était pacifiste et humain soulignant que «la violence coloniale entraîne la violence terroriste». 

Depuis le 7 octobre 2023, exprimer de quelque manière que ce soit sa solidarité avec le peuple palestinien entraîne des convocations policières allant jusqu’aux condamnations pénales et à des interdictions préalables de manifester.

Alors que des centaines de figures politiques, médiatiques y compris des sportifs, des acteurs et actrices s’expriment en toute liberté par tous les canaux de diffusion possibles en France, radios, télévisions, journaux, meetings, conférences, manifestations autorisées, ont droit de cité, pignon sur rue, pendant des heures, en boucle, accusant les populations palestiniennes de terroristes menaçant la sécurité d’Israël, justifiant les massacres et le génocide en direct en chargeant des hommes, des femmes, des vieillards et des enfants d’être au service du Hamas, alors que les chiffres de l’horreur explosent allant jusqu’à 35.000 morts en six mois avec pas moins de 15.000 enfants, sans parler de 2,2 millions de personnes en proie à la famine. 

Toutes ces données sont colmatées en continu par les présentateurs des talks shows où certains animateurs osent ouvertement insulter leurs invités qui ne versent pas dans leur sens les traitant de fasciste, d’islamiste et de promoteur du terrorisme contre le peuple israélien.

Aujourd’hui, après le passage du Garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, devant l’Assemblée nationale annonçant que «Brandir un drapeau du Hamas en manifestation peut être constitutif du délit d’apologie du terrorisme».

Éric Dupond-Moretti ajoute également que tombent sous le coup de cette qualification les «propos vantant les attaques, en les présentant comme une légitime résistance à Israël» tout comme la «diffusion publique de messages incitant à porter un jugement favorable sur le Hamas ou le Jihad islamique».

Autrement dit, l’État français veut poursuivre tout propos «présentant comme légitime la résistance à Israël».

Ce qui veut clairement dire : il faut soutenir Israël et accuser la Palestine. Sinon, pas de voix au chapitre. Pire, ceci peut très vite devenir un délit condamnable par les autorités françaises.

Pour l’Etat français, les choses sont simples : toute déclaration soutenant la Palestine et le combat des Palestiniens pour le droit d’exister est désormais synonyme d’antisémitisme voire d’apologie du terrorisme, comme le montre l’enquête lancée contre le nouveau parti anticapitaliste de Philippe Poutou et Olivier Besancenot. 

Dans cette circulaire, le ministre de la Justice va encore plus loin en affirmant ceci : «J’attire en outre votre attention sur le fait que les propos qui tendent à inciter autrui à porter un jugement favorable sur une infraction qualifiée de terroriste ou sur son auteur, même prononcés dans le cadre d’un débat d’intérêt général et se revendiquant comme participant d’un discours de nature politique» sont constitutifs de l’apologie de terrorisme […]. La tenue publique de propos vantant les attaques précitées, en les présentant comme une légitime résistance à Israël, […] devra ainsi faire l’objet de poursuites du chef précité».
Les choses ne souffrent aucune ombre. Les discours sur le droit à la liberté d’expression, le droit de manifester pacifiquement, le droit d’affirmer une position, le droit d’écrire une tribune, voire même publier un livre qui remet les choses dans leur réel contexte historique en analysant le conflit entre Israël et la Palestine est tout bonnement nul et non-avenu en France, aujourd’hui.

Une posture radicale et anti-démocratique de la part d’un gouvernement français qui continue de creuser le gouffre entre les communautés musulmanes, juives et chrétiennes dans l’Hexagone attisant la haine et alourdissant ce sentiment d’injustice et de stigmatisation systématique tel que vécu et ressenti par des millions de musulmans en France.

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