L'Algérie a vécu samedi une élection présidentielle marquée par une faible mobilisation des électeurs, avec un taux de participation de seulement 48% à la fermeture des bureaux de vote à 21 heures.
Bien que le président sortant, Abdelmadjid Tebboune, soit donné largement favori, cette élection était surtout un test de légitimité pour son régime, après une première élection en 2019 où il avait été élu avec 58 % des suffrages, mais une participation de seulement 39,83 %.
L'affluence, principal enjeu de ce scrutin, est restée timide tout au long de la journée, malgré l'appel des trois candidats à une forte participation.
Les images diffusées par les médias montraient des bureaux de vote quasi vides et une population peu encline à se déplacer pour exprimer son vote.
En face de Tebboune, deux adversaires peu connus ont tenté de peser sur le scrutin : Abdelaali Hassani, ingénieur et chef du Mouvement de la société pour la paix (MSP), principal parti islamiste, et Youcef Aouchiche, ancien journaliste et sénateur, à la tête du Front des forces socialistes (FFS), le plus vieux parti d’opposition en Algérie.
Malgré leurs efforts, les deux candidats n'ont pas réussi à susciter un réel engouement parmi les électeurs, amplifiant le sentiment de fatalisme ambiant.
La campagne de Tebboune, axée sur la poursuite de ses projets économiques et la promesse d'améliorer le pouvoir d'achat des Algériens, n'a pas réussi à mobiliser largement. Il a mis en avant les réalisations de son premier mandat, freinées selon lui par le Covid-19 et la corruption héritée de son prédécesseur.
Toutefois, la promesse de relancer l'économie en réduisant la dépendance aux hydrocarbures, qui représentent 95% des recettes en devises du pays, n'a pas convaincu une partie de la population, désillusionnée par le manque de réformes concrètes.
La victoire de Tebboune, bien que largement anticipée, survient dans un contexte de répression accrue des droits humains, comme l'a souligné Amnesty International dans un récent rapport dénonçant une «tolérance zéro à l'égard des opinions dissidentes».
Cette situation, combinée à la répression du mouvement Hirak et aux promesses non tenues de son premier mandat, pourrait constituer un handicap pour un second mandat réussi, à moins que le président ne revoie sa méthode de gouvernance et n'inclut davantage la société civile dans le processus de décision.
Cette présidentielle de 2024 en Algérie apparaît comme un prolongement sans surprise du statu quo, avec un président sortant favori et une participation des électeurs en berne, signe d’une confiance populaire en nette baisse.
La question reste de savoir si Tebboune saura capitaliser sur ce nouveau mandat pour opérer les changements nécessaires et répondre aux aspirations d’une population majoritairement jeune et en quête de meilleures perspectives.