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Un monde à la sauce Trump

Un monde à la sauce Trump

 


Donald Trump a fait son grand retour sur la scène du Congrès américain dans la nuit de mardi à mercredi. Une heure et quarante minutes d’une allocution qui aura eu le mérite d’être aussi longue que déroutante, truffée de déclarations chocs et de promesses aux accents martiaux. Un discours qui a fait trembler bien au-delà du Capitole.

«Nous ne faisons que commencer», a annoncé un Trump visiblement peu enclin à jouer la carte du consensus. L’Amérique d’abord, l’Amérique seule…, et tant pis pour les autres. Voilà, en substance, la tonalité de son intervention. Sauf que cette fois, il ne s’agissait pas uniquement de faire rugir sa base électorale, mais bien de redessiner l’équilibre mondial selon son bon vouloir. En ligne de mire : le Groenland, le canal de Panama, l’Ukraine, le Mexique, le Canada… Une cartographie diplomatique revue et corrigée façon Trump, où tout se résume à une négociation à l’emporte-pièce.

Commençons d’abord par son intérêt affiché pour le Groenland. Son problème, c’est que ni le Danemark ni les Groenlandais ne semblent particulièrement emballés à l’idée d’une annexion en bonne et due forme. «Nous ne sommes pas à vendre», ont répliqué les Danois avec une stupeur à peine feinte. Peu importe, Trump persiste et signe : «Nous l’obtiendrons d’une manière ou d’une autre». Voilà la diplomatie version rouleau compresseur.
Ensuite, il y a l’autre morceau du discours qui a fait bondir les chancelleries : l’annonce tonitruante d’une reprise en main du canal de Panama. «Pour renforcer encore notre sécurité nationale, mon administration va reprendre le canal de Panama et nous avons déjà commencé à le faire», a annoncé le locataire de la Maison Blanche. Une déclaration qui a provoqué une réaction immédiate du président panaméen José Raúl Mulino, lequel n’a pas tardé à accuser Trump de «mentir de nouveau». 
Enfin, dans un registre plus classique, ou disons, plus trumpien, le président américain a aussi relancé son offensive économique contre ses voisins directs. Le Canada et le Mexique ont hérité de droits de douane punitifs à 25%, officiellement pour lutter contre l’importation de fentanyl. Si Justin Trudeau s’est indigné en parlant de tentative de strangulation économique tout en saisissant l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Claudia Sheinbaum, la présidente mexicaine, a annoncé des représailles en gestation. Bref, la guerre commerciale est déclarée.

Quid de l’Ukraine ?
Quant à l’Ukraine, l’altercation entre Trump et Volodymyr Zelensky a donné le ton : exit le soutien inconditionnel, place à une paix dictée par Washington. En gelant l’aide militaire américaine et en suggérant que Zelensky était prêt à négocier un accord avec Moscou, Trump envoie un signal de désengagement synonyme de victoire pour Vladimir Poutine. Une déclaration qui a plongé les alliés européens dans une perplexité absolue, tant le basculement est soudain. Cette volte-face, dont l’impact sur le terrain pourrait être dramatique pour Kiev, marque une rupture nette avec la politique traditionnelle des Etats-Unis et risque de bouleverser l’équilibre des forces en Europe.
C’est pourquoi la France et l’Allemagne s’activent désormais pour tenter de combler le vide laissé par les Etats-Unis, mais sans illusion sur l’ampleur du défi.

Bref, ce discours de Trump n’était pas seulement une démonstration de force. Il s’agissait aussi d’un avertissement : son second mandat ne sera pas celui de l’apaisement, mais bien de la confrontation. Sa posture de rupture ne laisse aucune place à la nuance : il veut une Amérique forte. Quitte à être seule contre tous.
Les démocrates ont tenté, tant bien que mal, de riposter, mais la machine républicaine tourne à plein régime. Les partisans du président, eux, jubilaient. Le Congrès a résonné au son des «USA ! USA !», tandis que la moitié des élus démocrates a préféré quitter la salle, visiblement écœurés.

Pour les alliés des Etats-Unis, ce discours a été un électrochoc. La nouvelle version de la politique étrangère américaine ressemble à un cocktail d’unilatéralisme, de provocations et de protectionnisme exacerbé. Et reste dans la parfaite lignée de la promesse de Trump : «Nous allons rendre l’Amérique plus grande que jamais». Et, sans aucun doute, cela se fera aux dépens du reste du monde.

F. Ouriaghli

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