Un éventuel départ du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE) sans accord propulserait la dette publique britannique à plus de 90% du produit intérieur brut (PIB) pour la première fois depuis les années 1960, selon des prévisions alarmantes du think thank britannique "Institute for Fiscal Studies" (IFS), relayées mardi par les médias.
L'institut spécialisé dans la recherche sur les questions budgétaires au Royaume-Uni indique que même en cas d'un Brexit "doux", le déficit public atteindrait environ 100 milliards de livres sterling, ce qui conduirait à une chute de l'activité économique et des recettes fiscales.
Le gouvernement britannique serait donc amené à adopter "un plan de relance budgétaire" pour conforter l'économie nationale, ce qui affecterait davantage les comptes publics, déduit la même source.
Pour l'IFS, c'est la première fois que le pays s'attend à une hausse aussi spectaculaire de la dette publique, depuis le milieu des années 1960.
Par ailleurs, le déficit économique dépasserait les 50 milliards de livres l'an prochain, soit 2,3% du PIB, alors qu'il était revenu à 1,2% au cours de l'exercice 2018-2019, au plus bas depuis 17 ans.
"Le gouvernement est maintenant à la dérive sans ancrage fiscal efficace", a souligné le directeur de l'IFS, Paul Johnson, faisant savoir que le Trésor a déclaré que toute décision serait prise "dans une perspective de viabilité à long terme des finances publiques".
L'IFS relève également que le gouvernement s'apprête à enterrer les mesures budgétaires qu'il s'est fixées, à savoir de maintenir le déficit public sous 2% et de retrouver l'équilibre au milieu des années 2020.
Le ministre des Finances, Sajid Javid, qui doit présenter bientôt son premier budget, veut en effet utiliser la marge de manœuvre budgétaire dont dispose le pays pour annoncer des milliards de livres de dépenses dans les services publics afin de stimuler l'économie.
Cette mesure est, par ailleurs, critiquée par l'IFS, qui estime qu'"il n'est pas possible d'offrir des cadeaux fiscaux" au vu du "niveau extraordinaire d'incertitudes et de risques pesant sur l'économie et les finances publiques".
Le Royaume-Uni devrait quitter l'Union européenne le 31 octobre.
A seulement trois semaines de cette date, les deux parties ne sont pas encore parvenues à conclure un accord.
En dépit des multiples mises en garde contre les conséquences d'un Brexit sans accord, le Premier ministre conservateur Boris Johnson réitère sa détermination à quitter l'UE comme prévu avec ou sans accord, et assure que le pays y est prêt.■