Alors que la guerre entre Israël et Gaza fait rage, la solution à deux États, souvent perçue comme une impasse diplomatique, semble trouver un nouvel élan parmi la communauté internationale.
Vendredi à Madrid, des représentants de plusieurs pays arabes et européens se sont à nouveau prononcés en faveur de cette option, en tentant de raviver les efforts pour établir deux nations souveraines, israélienne et palestinienne, vivant côte à côte en paix.
Accueillis par le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, les diplomates se sont réunis sous le signe de la relance du processus de paix, mettant l'accent sur des "actions concrètes" pour faire avancer ce dossier vieux de plusieurs décennies. «Ensemble, nous voulons identifier les actions concrètes qui nous permettront de progresser vers cet objectif», a tweeté Sánchez, déterminé à donner un nouvel élan à cette solution lors de cette rencontre baptisée "Pour l'application des deux États".
Parmi les participants figuraient le Premier ministre palestinien Mohammed Mustafa, ainsi que les ministres des Affaires étrangères du Qatar, de l'Arabie Saoudite, de l'Égypte et de la Turquie, tous membres du Groupe de contact arabo-islamique pour Gaza. L'Union européenne, avec à sa tête Josep Borrell, Haut représentant pour les Affaires étrangères, était également présente, appuyée par les chefs de la diplomatie irlandaise, norvégienne, slovène et espagnole. Ces derniers pays avaient déjà reconnu l'État de Palestine, renforçant ainsi leur appui à cette solution.
Cette rencontre intervient dans un contexte où la guerre à Gaza, déclenchée le 7 octobre 2023 par une attaque du Hamas, continue de faire des victimes des deux côtés. Malgré la violence persistante, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a réitéré sa conviction que la solution à deux États reste «le seul moyen d’assurer une paix juste et durable» dans la région. Selon lui, seule la coexistence pacifique entre un État palestinien et un État israélien peut stabiliser durablement le Proche-Orient.
Cette relance diplomatique n’a cependant pas fait l’unanimité. En effet, le ministre israélien des Affaires étrangères, Israel Katz, a violemment critiqué la participation de Josep Borrell à la réunion, l’accusant de soutenir la création d’un «État terroriste palestinien». Des accusations que Borrell a rapidement réfutées, rappelant qu'il est «absurde» de taxer d'antisémitisme ceux qui prônent la paix par la solution de deux États.
Pour Madrid, cette initiative s’inscrit dans une série d’efforts visant à ramener le dialogue au cœur des discussions sur le conflit israélo-palestinien. En mai, l'Espagne avait déjà accueilli une réunion dédiée à la crise de Gaza et s'apprête à organiser un sommet bilatéral Espagne-Palestine d'ici la fin de l'année. Une démarche qui témoigne de la volonté croissante de plusieurs acteurs internationaux de redonner une impulsion à cette option de résolution.
Alors que les hostilités se poursuivent sur le terrain, la voie diplomatique tentée par les pays européens et arabes pourrait-elle réellement inverser la dynamique ? La persistance de cette proposition, même en pleine guerre, montre que la solution à deux États est loin d'être une idée abandonnée. Au contraire, elle semble regagner du terrain, malgré des années de stagnation et d'opposition farouche. Reste à savoir si cette impulsion diplomatique pourra se traduire en résultats concrets sur le terrain.