Si le monde semble faire aujourd’hui l’impasse sur les réalités du Covid-19, certaines vérités sont bonnes à rappeler alors que le virus connaît une recrudescence partout dans le monde et surtout en Afrique, continent délaissé et pour les dépistages et pour les campagnes de vaccination.
Par Abdelhak Najib
En effet, après plus de deux années et demi de contaminations, le chiffre officiel des 12 millions de contaminés sera bientôt franchi, comme l’attestent les spécialistes de l’OMS qui craignent le pire pour une Afrique livrée à elle-même pour lutter contre l’expansion des contaminations qui touchent le continent de l’Afrique du Sud à l’Égypte, avec déjà plus de 250.000 morts.
Même les zones qui étaient jusque-là épargnées ne le sont plus aujourd’hui. A titre d’exemple, Madagascar a atteint le cap symbolique des 1.000 morts, le Zimbabwe celui des 5.000, la Tunisie, elle, a dépassé le million de contaminations. Tandis que la Libye a déjà franchi le palier des 500.000, dans un pays en guerre, avec de grandes difficultés d’accès aux soins et surtout de dépistage.
Quant à l’Afrique du Sud, elle a atteint les 100.000 décès du Covid. Toujours selon le bureau africain de l’OMS, 65% de la population africaine auraient été infectées au Covid-19 depuis 2020. Un chiffre 97 fois plus élevé que les statistiques officielles publiées dans certains rapports et autres médias qui minimisent l’ampleur des dégâts dans l’absence de moyens et de vaccins pour lutter efficacement contre le virus, surtout dans les régions les plus reculées du continent où les chiffres manquent et les données sont presque inexistantes.
Et la situation va encore empirer pour un continent qui importe environ 80% de ses médicaments et 99% de ses vaccins. C’est dire que cette pandémie a montré de manière limpide toutes les insuffisances systémiques de la santé en Afrique. Pourtant, l’OMS avait annoncé en février 2022 que six pays africains : le Sénégal, l’Afrique du Sud, l’Égypte, le Kenya, la Tunisie et le Nigeria allaient bénéficier d’un programme de fabrication de vaccins. Mais jusqu'à ce jour, en dehors du Maroc, aucun pays n’a concrétisé ce type de projet de mettre à la disposition des populations des vaccins fiables.
L’OMS laisse pourtant montrer quelques signes d’espoir face à la situation sanitaire en Afrique si des campagnes sérieuses et complètes de vaccination sont mises en place. Les prévisions montrent que le nombre total de cas de contaminations en Afrique devrait être de 166,2 millions à fin 2022, contre 227,5 millions en 2021. La mortalité devrait également s’effondrer en 2022, baissant de 94%. En 2021, le Covid-19 a officiellement tué 113.102 personnes sur le continent, soit comme l’a rappelé la directrice du bureau Afrique de l’organisation, Matshidiso Moeti, 970 décès chaque jour. Les prévisions actuelles prévoient 23.000 morts - soit environ 60 par jour- pour l’ensemble de l’année.
Sur un niveau plus global, il faut ici souligner l’étude de The Lancet qui a secoué les arcanes de la recherche scientifique face au Covid et ses dégâts réels. Dans une nouvelle étude, la revue montre que la sous-estimation systématique du nombre de cas de morts ne serait pas uniquement un problème lié à l’Afrique, mais mondial.
Selon le magazine scientifique, le bilan de la pandémie serait environ trois fois supérieur à ce qui est annoncé, avec non pas 5,9 millions de décès enregistrés entre début 2020 et fin 2021 mais… 18,2 millions. Des chiffres qui donnent froid dans le dos parce qu’il faut leur ajouter ceux de 2022, ce qui ferait grimper le nombre de décès à plus de 25 millions de morts dans le monde.
Toujours selon les scientifiques, les pays dans lesquels l’écart entre chiffres officiels et mortalité réelle est le plus important seraient l’Inde, les États-Unis, la Russie, le Mexique, le Brésil, l’Indonésie et le Pakistan.