Un haut responsable de la Banque centrale européenne a mis en garde lundi contre le risque de nouvelle crise de la dette en zone euro, dans un contexte de taux élevés et de creusement des déficits budgétaires.
"Des coûts de financement plus élevés et des politiques budgétaires moins prudentes pourraient raviver les inquiétudes quant à la viabilité de la dette souveraine, en particulier dans les pays où les niveaux d'endettement sont déjà élevés", a averti Luis de Guindos, vice-président de la BCE, dans un discours prononcé à Francfort.
Entre 2010 et 2012, l'Europe a été confrontée à une crise de la dette partie de Grèce, surendettée et incapable de se refinancer sur les marchés, avant de se propager à d'autres pays. L'épisode avait fait craindre un risque d'implosion de la zone euro.
Aujourd'hui c'est surtout l'Italie, dirigée par la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni, qui inquiète compte tenu de son énorme dette publique.
Dans la période actuelle toutefois, les "spreads" sur les marchés des obligations d'État - écarts de rendement entre l'emprunt allemand, qui fait référence, et ceux d'autres pays en zone euro - sont "restés contenus", a certes rassuré le banquier central.
De nombreux gouvernements ont en effet obtenu des "financements bon marché sur des échéances plus longues pendant la période de faibles taux d'intérêt".
Or, les taux directeurs de la BCE sont aujourd'hui au plus haut, avec le principal d'entre eux à 4%, pour juguler l'inflation trop élevée, dans le sillage de la flambée des prix de l'énergie.
de Guindos a réaffirmé lundi que la BCE maintiendra ses taux élevés "pendant suffisamment longtemps" de façon à "contribuer substantiellement" à atteindre un objectif de 2% environ d'inflation.
Dans le même temps, la politique budgétaire en zone euro devrait viser à rendre l'économie "plus productive et à réduire progressivement la dette publique élevée", a-t-il martelé.
En cas de tensions sur le marché de la dette, la BCE dispose dans son arsenal d'un "Instrument de protection de la transmission" (TPI), lui permettant d'acheter des obligations d'Etat dont les rendements augmenteraient trop vite par rapport à ceux de l'Allemagne.