Il a été qualifié de "pirate extrêmement doué", "pionnier" des cyberattaques : dix ans de prison ont été requis vendredi à Paris contre le Russe Alexander Vinnik, jugé pour des escroqueries massives au bitcoin.
Au regard de la "gravité des faits", de la "sophistication" de l'attaque et de son "impact", la procureure Johanna Brousse a demandé la peine maximale encourue par Alexander Vinnik, 41 ans, "le maître" du rançongiciel Locky et de la plateforme d'échange de bitcoin BTC-e sur laquelle les rançons étaient payées.
Elle a également demandé son maintien en détention et une amende maximale de 750.000 euros.
S'il assure n'avoir "rien à voir avec le virus" et se présente comme un "simple opérateur freelance" (indépendant) de la plateforme BTC-e, haut lieu du blanchiment d'argent, Alexander Vinnik n'a pas pu "s'empêcher de nous faire part de son savoir en matière de cyber et de bitcoin" tout au long de son procès, a noté la procureure au début de son réquisitoire.
Alexander Vinnik est peut-être "autodidacte", mais il est surtout un "pirate extrêmement doué", "extrêmement intelligent", qui a créé un rançongiciel "particulièrement lucratif". "Il tient le système, il donne les ordres", insiste-t-elle, même si elle a la "certitude" qu'il "n'a pas agi seul".
Le logiciel malveillant Locky cryptait les données des systèmes informatiques, les rendant inaccessibles à moins de payer une rançon en cryptomonnaie pour obtenir une clé de déchiffrement. Entre 2016 et 2018, il a fait près de 200 victimes en France, 5.700 dans le monde, et aurait occasionné un préjudice estimé en 2018 à près de 135 millions d'euros.
Alexander Vinnik, dit la procureure est "l'un des pionniers" des escroqueries en ligne, qui ont "explosé" ces dernières années.
"Elles causent des dommages directs" qui "ont impacté les services publics"; les "Allocations familiales" font partie des victimes, ainsi que de nombreuses mairies, des associations, des sociétés et des particuliers, rappelle la procureure. Elle demande à "envoyer un message" aux cybercriminels "cachés derrière leur écran au bout du monde", pour leur montrer qu'on ira "les traquer" pour "les juger ici".
Alexander Vinnik a été arrêté pendant des vacances en famille en Grèce en juillet 2017, sur la base d'un mandat d'arrêt des Etats-Unis, qui ont prononcé 21 chefs d'inculpation à son encontre. La Grèce avait privilégié le mandat d'arrêt européen, et l'avait remis à la France en janvier 2020.
(AFP)