C’est dans un communiqué laconique que le groupe chinois Sinopharm a annoncé les démissions de son PDG, Li Zhiming, et de son Directeur général et membre du comité stratégique et du comité d’audit, Li Hui.
Les deux responsables ont rendu le tablier le 12 janvier pour des «raisons personnelles».
Si la société assure qu’elle «continue de mener normalement ses activités», ces démissions sont pour le moins surprenantes.
Car, là où l’on évoque des «raisons personnelles», il y a forcément anguille sous roche. Comprenez par là un droit de réserve sous lequel s’abritent généralement les dirigeants pour ne pas donner les vrais motifs de leur départ. Histoire de préserver l’entreprise.
Mais un capitaine et son second doivent-ils abandonner leur navire en pleine tempête pandémique ? Ces démissions ont-elles un lien avec le vaccin développé par Sinopharm pour lutter contre la Covid-19 ? N’entament pas-t-elles la confiance en ce groupe qui doit fournir des vaccins à plusieurs pays, dont le Maroc ?
Ces questions méritent clarifications. Et la transparence voudrait que Sinopharm mette carte sur table afin d’informer clairement l’opinion publique et, surtout, de rassurer son monde, notamment tous ces pays qui s’apprêtent à vacciner leurs citoyens avec leur vaccin.
Et le groupe chinois doit d’autant plus s’exprimer que l’article publié par le Daily Mail sur son site Internet le 7 janvier sème le trouble.
La publication y relaie en effet les propos tenus par le médecin chinois Tao Lina, suivi par 4,8 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux, qui a qualifié le vaccin Sinopharm de "plus dangereux au monde", avec "73 effets secondaires".
Parmi les effets indésirables qu’il a listés, figurent des douleurs autour de la zone d'injection, des maux de tête, une pression artérielle élevée, une perte de vision et de goût et une incontinence urinaire, rapporte le Daily Mail.
Face à la controverse qu’a suscité ses propos en Chine, le Dr Tao Lina, expert en vaccins à Shanghai, s’est par la suite rétracté, accusant les médias étrangers d’avoir «déformé» ses propos.
Mais convenons que les déclarations du Dr Tao Lina (même s’il les a niées), ajoutées à la démission du Top management de Sinopharm, appellent à la réflexion.
Rappelons néanmoins qu’au Maroc, le gouvernement et le monde scientifique défendent bec et ongles le vaccin Sinopharm, rassurant la population sur son efficacité.
Sauf que la campagne de vaccination de masse, depuis longtemps annoncée, n’a pas encore commencé.
Ce qui se passe à Sinopharm aura-t-il en fin de compte un impact sur cette campagne ?
Ce sera aux autorités, qui restent très frileuses dans leur démarche de sensibilisation pour faire adhérer les Marocains à l’utilité du vaccin, de nous l’expliquer.
D'autant plus que le ministre de la Santé a annoncé qu'une campagne de sensibilisation allait démarrer bien avant le début de la vaccination.
Et on ne le répétera jamais assez : le déficit de communication et les cachoteries prêtent foi à la rumeur et aux mauvaises interprétations.
Encore davantage dans ce contexte pandémique où les populations sont très circonspectes par rapport aux vaccins développés par les différents laboratoires internationaux.
D. William