Plus de 10.000 migrants subsahariens ont été expulsés du territoire algérien, a affirmé dimanche le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui sans préciser la période de cette vague de refoulement.
Les opérations d’expulsion ont certes connu des périodes de répit, mais n’ont jamais cessé. La plus importante était celle du mois d’août dernier où le ghetto des réfugiés subsahariens enfoui sous le pont de Oued el Kerma, entre les communes de Baraki et Baba Ali, a été complètement rasé sur instruction du gouvernement.
Ce lieu servait de regroupement à près de 1.600 immigrés qui y vivotaient. Ils ont tous été placés dans un centre d’accueil dans la localité de Réghaïa, à l’est de la capitale.
Le ministère des Affaires étrangères avait clairement déclaré que l’Etat algérien ne veut pas d’immigrés clandestins sur son territoire, d’où justement ces opérations d’expulsion. Une volonté clairement affichée par des déclarations chocs de hauts responsables de l’Etat, dont Ahmed Ouyahia, actuel Premier ministre, et le ministre des Affaires étrangères.
Pour rappel, Ouyahia, alors chef de cabinet à la Présidence, avait considéré les migrants subsahariens comme source de drogue, de criminalité et de plusieurs autres fléaux. Une déclaration jugée par la société civile, les associations de défense des droits de l’homme et certains partis politiques comme raciste et scandaleuse.
Le dernier épisode en relation avec ce dossier épineux est une vidéo qui a parcouru les réseaux sociaux où des membres de l’armée nationale populaire s’amusaient à donner des ordres à de jeunes migrants subsahariens de se donner des gifles.
Plusieurs ONG, dont Amnesty International et Human Rights Watch (HRW), ont dénoncé un profilage ethnique dans l'expulsion de migrants subsahariens du territoire algérien. «Rien ne justifie de regrouper des gens, en fonction de leur couleur de peau, puis de les déporter en masse», avait déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW, reprochant aux autorités algériennes de ne pas leur donner la possibilité de contester cette mesure.
Ces ONG évoquent parmi les personnes expulsées, des migrants ayant vécu et travaillé pendant des années en Algérie, des femmes enceintes, des familles avec des nouveau-nés et des enfants non accompagnés.■