Même si les médias occidentaux veulent faire du génocide à Gaza un simple fait divers, les réalités du terrain sont tellement éclatantes qu’aucun voile même opaque ne peut les masquer.
Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste
Depuis onze mois, chaque jour des dizaines de Palestiniens tombent sous les balles, les bombes, les obus et les tirs de mortier de l’armée israélienne qui a envahi toute la bande de Gaza. Selon Tsahal, qui a publié un rapport détaillé des opérations militaires à Gaza, le pilonnage n’a pas cessé depuis le premier ordre donné par le Premier ministre israélien, le 7 octobre 2023. Pas une seule seconde de répit face aux bombardements qui ont déjà détruit, selon les Nations Unies, plus de 80% du territoire de Gaza.
Aujourd’hui, le nombre de morts dépasse la barre des 40.000 Palestiniens tombés sous les décombres, ciblés par des snipers, pris en embuscade par des chars israéliens ou massacrés dans des écoles, des hôpitaux et dans les camps de réfugiés, censés être protégés par l’ONU. C’est dire que le plan israélien, tel qu’annoncé par Benjamin Netanyahu et assumé par la majorité de la classe politique à Tel-Aviv, marche très bien. En attendant la fin de ce plan, les Palestiniens tués dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023 ont dépassé les 60% de la population, avec un grand nombre de femmes et d’enfants. Ceci pour le nombre de victimes.
Quant aux déplacés, la situation est terrifiante, puisque des centaines de milliers de Palestiniens ont été contraints par la force de quitter leurs habitations et leurs tentes de fortune dans les camps pour être jetés sur les routes, sans destination précise, errant dans le désert. Selon les estimations de l'Unrwa, «près de 450.000 personnes se trouvant à Rafah avaient été déplacées depuis qu'Israël a ordonné l'évacuation d'une partie de cette localité du sud de la bande de Gaza».
Un autre nombre de 200.000 personnes a été avancé durant le mois d’août 2024, avec, à terme, la déportation totale des populations de tout le Sud des territoires palestiniens occupés. Il y a quelques jours, les mouvements de déportation se sont accélérés pour voir d’autres convois humains quitter Gaza vers nulle part. Les ONG parlent de plus de 60.000 Gazaouis qui sont contraints de partir en quête d'eau, de nourriture et d'abris à travers le territoire dévasté, après presque une année de génocide. «Soixante-seize ans après la Nakba, les Palestiniens continuent d’être déplacés de force. Dans la bande de Gaza, 600.000 personnes ont fui Rafah depuis l’intensification des opérations militaires», a précisé l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). Ce qui porte le nombre de réfugiés errant dans la bande de Gaza à plus d’1 million de personnes, femmes, enfants et vieilles personnes.
Pour Israël, ce n’est pas fini. Il faut vider toute la bande et y planter des colonies israéliennes d’ici 2030. Une fois ce dernier territoire palestinien vidé de ses populations, Israël peut alors entamer la phase 2 de son plan, qui consiste à lancer l’exploitation gazière au large de Gaza. Pour Alain Juillet, ex-patron de la DGSE française et analyste politique, l’exploitation du pétrole au large de Gaza est un «enjeu immense» dans cette guerre : «Si l’armée israélienne arrive à chasser les populations palestiniennes de Gaza, Israël pourra alors bénéficier des ressources pétrolières et gazières au large de la bande». Et d’ajouter que «De même qu’Israël a négocié avec le Liban et l’Égypte, l’État veut bénéficier des gisements marins, sauf que Gaza les ennuie» dans la concrétisation de cet objectif à la fois géostratégique et économique.