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Invasion de Gaza : La guerre des images

Invasion de Gaza : La guerre des images

LHistoire a certes ceci de constant : «La vérité est toujours écrite par le plus fort». Dans le cas d’Israël, cette assertion est encore plus vérifiée, chaque jour, avec cette guerre des images pour réécrire les faits et influencer les opinions publiques mondiales, dans un conflit où la propagande joue un rôle primordial.

Sauf qu’aujourd’hui, il y a une nouvelle donnée qui s’est immiscée dans cette guerre d’occupation : la technologie à portée de main. Car, il suffit d’un téléphone pour imprimer la vérité des faits sans aucune ombre et la diffuser partout dans le monde.
 
Une simple séquence filmée, une image volée entre les bombes, un missile capté par une caméra et tous les discours propagandistes s'auto-annihilent. Prenons le cas des hôpitaux bombardés à Gaza par l’armée israélienne. Tsahal affirme, avec des preuves manipulées, que le missile n’est pas israélien. Des images, des graphiques, des écrans, des équations et des algorithmes qui ne tiennent pas face à 20 secondes filmées par un jeune homme qui matérialise l’attaque ciblée.
 
Tout comme ces propos de l’État-major israélien qui ont fuité lors d’une réunion des gradés de l’armée discutant des cibles prioritaires à frapper pour en finir avec les populations de Gaza. À cela s'ajoutent les secrets divulgués par les services russes et chinois. Sans parler des informations émanant de Téhéran, versant toutes dans une seule vérité : Israël détruit les hôpitaux de Gaza pour faire le plus grand nombre de morts et éradiquer le maximum de Palestiniens.
 
Dans ce même cas de figure, même les journalistes les plus pro-israéliens, envoyés sur place pour faire écho aux thèses et aux informations de Tel-Aviv, ont été confrontés aux mensonges de «la sale guerre». Ils sont des centaines aujourd’hui qui ont revu leurs positions et qui témoignent de l’horreur de cette épuration ethnique qui se joue devant le monde entier, en toute impunité. Ils ne peuvent plus recycler les communiqués de presse et diffuser les images envoyées par le Mossad. Ils ne peuvent plus se contenter de montrer les images pré-montées et prêtes à l’usage, passant d’une chaîne de télévision à une autre, dans un Occident qui fait dans la rétention de l’information, dans la censure tous azimuts. Et ce, en empêchant toutes les voix qui accusent Israël de commettre un génocide d’exprimer leurs craintes de voir disparaître le peuple palestinien, qui accuse déjà 12.000 morts en quatre semaines d’invasion israélienne. 
 
Ce qui fait dire à plusieurs spécialistes : «Il y a énormément de désinformation et c’est même probablement le conflit où l’on voit le plus de désinformation en ce moment, plus que ce qu’on a vu ailleurs en tout cas», souligne Fanny Tan, chercheuse en résidence et coordonnatrice à l’Observatoire des conflits multidimensionnels de la Chaire Raoul-Dandurand de l’UQAM. 
 
Face à l’horreur, certains journalistes se sont mis à diffuser les images de la vérité : des morts calcinés, des quartiers entiers en ruine, des enfants massacrés, des femmes jetées dans des fosses communes, des exécutions sommaires, des attaques par des chars militaires empêchant des ambulances de se rendre sur les lieux du massacre pour porter secours aux survivants : «Les images sont à double tranchant. Elles offrent des possibilités de preuve, de documentation. Mais ces documents doivent être dans les mains de professionnels et être évalués par des professionnels, alors que beaucoup sont jetés en pâture dans l’opinion, sur les réseaux et dans les médias», affirme Sébastien Boussois, chercheur à l’Université libre de Bruxelles.
 
Cette guerre des images vient consacrer un état de fait qui ne souffre aucune ombre : les médias occidentaux qui sont à grande majorité détenus par des consortiums pro-israéliens, ne diffusent que ce qui va dans le sens de la thèse israélienne. Tout autre fait, toute autre image incriminant Tel-Aviv est filtrée. Ces mêmes médias accusent les médias arabes, russes, chinois et africains de désinformation, parce que ceux-ci chargent Israël et défendent les Palestiniens. Ce schisme médiatique est révélateur du nouvel ordre mondial qui oppose aujourd’hui deux pôles qui s’affrontent ouvertement : d’un côté, les USA, l’Europe et ses alliés; de l’autre, la Russie, la Chine, l’Iran et le monde arabe.
 
Dans cette configuration, on peut avancer sans risque de se tromper que la Palestine est aujourd’hui l’objet d’un conflit mondial opposant deux pôles dans une guerre qui est tout sauf froide.
 
 
Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste
 
 
 
 

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