L'explosion simultanée, mardi 17 septembre, des bipeurs du Hezbollah à travers le Liban, provoquant la mort de neuf personnes et faisant près de 2.800 blessés, et de talkies-walkies, le lendemain, tuant 20 personnes, marque une nouvelle escalade inquiétante dans la guerre qui sévit dans la région. Que les bipeurs aient été piégés par le Mossad, le légendaire service de renseignement israélien, comme de nombreux observateurs le suggèrent, ou non, une chose est claire : cette opération porte la marque du cynisme et de la violence froide qui caractérisent les conflits modernes.
Israël, muet face à ces accusations, semble revendiquer sans le dire un coup de maître digne des méthodes qui ont forgé sa réputation d’impitoyable dans les cercles du renseignement mondial. Si les services secrets israéliens sont effectivement derrière cette série d'explosions, cela s'inscrit dans une longue tradition d'infiltration des infrastructures adverses, remontant à la célèbre «affaire des boîtes d’orange» dans les années 1970.
À l’époque, le Mossad avait utilisé des explosifs dissimulés dans des oranges pour assassiner des responsables palestiniens en Europe, notamment dans le cadre de l'opération Colère de Dieu, lancée en réponse au massacre des athlètes israéliens lors des Jeux olympiques de Munich en 1972. Il y a encore dans l’affaire «Fakhrizadeh», l’assassinat du scientifique nucléaire iranien, où l'utilisation de technologies sophistiquées à distance a été décisive. L’histoire semble se répéter, cette fois-ci à travers des dispositifs aussi anodins que des bipeurs.
Le Hezbollah, bras armé de l’Iran au Liban, ne manque pas d’ennemis. Israël le combat sur tous les fronts depuis des décennies, et l’enchevêtrement actuel avec la guerre à Gaza ajoute une complexité à la situation. L’ombre du Mossad, qui plane sur cette attaque, n’a rien d’inédit, mais illustre une tendance inquiétante : celle de l’utilisation systématique des outils technologiques pour éliminer les ennemis, tout en s’assurant de ne pas laisser de traces claires. La brutalité de l’événement est frappante.
Non pas par la violence des explosions, mais par l’audace et la minutie avec lesquelles ces attaques sont orchestrées. Cependant, ce qui choque davantage, c'est l'hypocrisie des puissances qui soutiennent et protègent ces actions. Israël, avec le soutien implicite de certains pays occidentaux, se permet de mener des opérations clandestines qui frôlent le terrorisme d'État, tout en dénonçant les attaques similaires de ses ennemis. Alors que le Hezbollah est souvent estampillé groupe terroriste, comment qualifier cette attaque, où des dispositifs civils ont été transformés en armes de destruction ?
Est-ce que l’étiquette de terrorisme dépend uniquement du camp auquel on appartient ? Cette escalade rappelle une vérité fondamentale : la guerre moderne, dans toute sa technicité, n’est rien d’autre qu’une continuation des atrocités du passé, avec des outils plus sophistiqués. Le Hezbollah, tout comme Israël, est prêt à user de tous les moyens pour imposer sa domination dans une région où la vie humaine est souvent sacrifiée sur l'autel des ambitions politiques.
Le cynisme réside dans cette réalité : une fois encore, des civils, des enfants et des innocents paient le prix de la guerre, tandis que les instigateurs se cachent derrière des discours justifiant la «résistance» ou la «sécurité nationale». Que ce soit à travers des bipeurs, des drones ou des bombes cachées dans des produits de consommation, la violence continue d'être la seule monnaie d’échange valable dans cette partie du monde.
Le Hezbollah promet de riposter. Israël, silencieux pour l'instant, continuera sans doute ses opérations. La communauté internationale, quant à elle, reste spectatrice, piégée dans ses intérêts stratégiques et incapables de condamner fermement les agissements des uns ou des autres.
Par D. William