Les plans de l’armée russe prévoyant une guerre éclair en Ukraine prennent l’eau. Non seulement l’armée ukrainienne tient la dragée haute à l’armée de Vladimir Poutine, mais la résistance prend parfois des allures de victoire.
C’est le cas avec le naufrage du navire de guerre russe, le Moskva, qui porte un coup dur au moral des troupes du Kremlin et donne de l’espoir aux soldats de Kiev, qui, jusque-là, tiennent le coup et opposent une riposte solide face aux assauts des chars russes.
Non seulement les zones attaquées sur le sol ukrainien ne sont pas encore tombées entre les mains des Russes, mais les combats qui font rage à l’Est et au Nord s’intensifient et montrent à quel point les troupes russes n’arrivent pas à faire plier les bataillons ukrainiens.
Ces derniers, malgré des moyens nettement inférieurs à ceux de l’envahisseur, jouent la guérilla et mettent en échec les plans des états-majors russes, qui avancent parfois en reculant, comme c’est le cas à la frontière avec la Biélorussie, où l’on peine à franchir les lignes des défenses ukrainiennes.
Des défenses qui, chaque jour, prennent de l’assurance face à des soldats russes qui commencent à douter de cette hypothétique victoire qui s’éloigne davantage face aux réalités des fronts.
Des réalités qui montrent aussi toutes les limites de l’armée russe, qui, selon des spécialistes, souffre de vétusté et de manque d’expérience et de coordination.
Sans oublier toutes ces rumeurs qui voudraient que les hauts gradés russes cachent la vérité sur cette guerre a un président de plus en plus isolé, de plus en plus fermé à tout autre discours que celui des armes. Pensant, à tort, toujours selon les analystes, que son armée est efficace et que ce n’est qu’une histoire de temps pour venir à bout de la résistance ukrainienne. Ce qui est loin d’être le cas au vu des nouvelles des différents fronts ouverts sur le sol ukrainien.
Dans ce sens, le naufrage du Moskva n’est pas un cas isolé. Loin de là. Les nouvelles du front font justement état de nombreux chars mis en déroute, d’avions de chasse abattus et d’hélicoptères neutralisés, et ce à la fois au Nord, dans la Mer d’Azov et à Marioupol.
Ce qui fait dire à de nombreux observateurs que l’armée russe est en train de s’embourber dans un conflit armé qui peut durer longtemps, menaçant la stabilité en Europe de l’Est et creusant plus profond le clivage entre l’Occident et la Russie.
Ce qui enterre du même coup tout espoir d’entente par les voies diplomatiques qui, jusqu’ici, échouent lamentablement face aux attitudes belliqueuses du président russe.
Un Poutine qui se moque ouvertement de l’impuissance de l’OTAN et des Occidentaux, lesquels multiplient les discours et les menaces de sanctions qui sont à double tranchant : tout en portant un coup à l’économie russe, ces sanctions fragilisent également les économies occidentales qui sont loin de se porter bien. Elles font face à des crises internes de plus en plus accrues, entre le manque d’approvisionnement en gaz et l’amoindrissement des stocks qui poussent tous les États impliqués à puiser dans leurs réserves.
À la lumière de ces éléments, la guerre qui frappe l’Europe depuis presque deux mois risque de durer sans aucune visibilité sur l’avenir de ce conflit ouvert entre la Russie et l’Occident par Ukraine interposée. Un pays qui, il faut le dire, est livré à lui-même, malgré les aides et le soutien dans les coulisses de la part de Washington et de l’Union européenne, qui ne peuvent en aucun cas envisager d’entrer dans le conflit.
Abdelhak Najib, écrivain-journaliste