L’Iran vit des heures sombres. Plus de 40 jours après la mort de Mahsa Amini, les manifestations pour protester contre les dérives autoritaires du régime ne faiblissent pas. Hommes et femmes battent le pavé, côte à côte, dans un acte de défiance radical, pour signifier leur mécontentement et leur colère face à un pouvoir qui, de plus en plus, semble dépassé par l’ampleur des évènements.
Car, visiblement, la mort de cette étudiante de 22 ans, le 16 septembre dernier, trois jours seulement après son arrestation par la police des moeurs pour une soi-disant infraction au code vestimentaire, ne passe pas au sein de l’opinion publique iranienne. Une opinion publique révoltée, qui dit basta ! à l’asservissement et à toutes ces restrictions qu’elle subit depuis longtemps, sans broncher. Une opinion publique qui demande purement et simplement la fin du régime islamique.
Pour un voile supposé mal mis par Mahsa Amini, a été déclenché ce que l’on peut bien qualifier de printemps iranien. Jamais l’Iran n’a connu un tel soulèvement depuis la Révolution islamique de 1979, soit 43 ans.
Et comme toujours, la force des faibles qui sont incapables de souscrire aux doléances du peuple et à leurs droits fondamentaux, est de répondre par la violence. Une violence sanglante. Les autorités iraniennes ont ainsi réprimé dans le sang les manifestations : selon l’ONG Iran Human Rights, au moins 277 personnes, dont des enfants, ont été tuées depuis le 16 septembre et des milliers d’autres arrêtées.
Une tuerie qui, incontestablement, attise davantage les tensions. Et, actuellement, les protestataires, par défiance, s’assoient sur tous les codes stricts imposés par le régime islamique, avec notamment des femmes qui enlèvent leur voile dans les endroits publics pour les brûler, ou encore les cloisons séparant les classes des filles de celles des garçons qui sont démolies dans certaines universités.
Ingérence
Ce n’est pas qu’en interne que le régime iranien est décrié et contesté. Partout dans le monde, l’on s’indigne de cette répression excessive et meurtrière, les forces de sécurité tirant à balles réelles sur les manifestations.
L’on dénonce aussi, vigoureusement, la politique extérieure de l’Iran et la nature déstabilisatrice de ses activités. Ainsi, depuis mercredi dernier, l’Arabie Saoudite est sur le qui-vive après des informations selon lesquelles le pays serait la cible d’une attaque iranienne imminente. Ce qui a poussé les Etats-Unis ainsi que plusieurs pays riverains de l’Iran à relever le niveau d’alerte de leurs forces militaires.
De même, l’Iran est ouvertement accusé par les Occidentaux de soutenir Moscou dans sa guerre livrée à Kiev, en lui vendant des drones. D’ailleurs, selon Kiev, environ 400 drones iraniens avaient déjà été utilisés contre sa population civile et ses infrastructures majeures la semaine dernière.
Dans le même ordre d’idées, des informations circulent actuellement faisant état de l’acquisition par le polisario de drones iraniens. Et cela ne serait pas étonnant. Car le Maroc dénonce depuis longtemps la collusion entre l’Iran, le Hezbollah et le groupe séparatiste armé du polisario pour déstabiliser la région de l’Afrique du Nord et du Maghreb. C’est à cause de cette connivence avérée et du soutien militaire de son allié, le mouvement Hezbollah, au Polisario que le Royaume avait décidé de rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran.
Tout autant, les USA n’ont eu cesse de fustiger le soutien de ce pays au Hezbollah et à d'autres groupes terroristes. Selon eux, l’Iran «demeure un Etat désigné sponsor du terrorisme et le Hezbollah demeure une organisation terroriste internationale».
Cela explique que l'ingérence iranienne dans les affaires intérieures des pays arabes ait été au cœur de l’ordre du jour du Sommet de la Ligue arabe qui vient de se tenir à Alger. Pour preuve, la «Déclaration d’Alger» ayant sanctionné les travaux de la 31ème édition dudit Sommet, «rejette toute forme d'ingérence dans les affaires internes des pays arabes et insiste sur la nécessité de trouver des solutions arabes aux problématiques arabes, à travers le renforcement du rôle de la Ligue arabe dans la prévention des crises et leur résolution de manière pacifique, ainsi que la consolidation des relations inter-arabes». Un message clair pour qui sait écouter.
F. Ouriaghli