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Présidentielles françaises : Un voile divise la France

Présidentielles françaises : Un voile divise la France

Ce qu’il faut dire c’est que ces élections présidentielles sont amères parce que les Français devront voter pour le moins pire des deux candidats au second tour


Le débat sur le port du voile dans les lieux publics en France bat son plein et divise la classe politique française entre partisans d’un durcissement des lois contre le voile, comme le crie haut et fort la candidate au second tour des présidentielles, la patronne de l’extrême droite, Marine Le Pen, et un hypothétique respect des libertés du culte des femmes musulmanes désireuses de porter le voile par un choix vestimentaire assumé et non comme une distinction confessionnelle pour marquer son appartenance à une communauté religieuse particulière. 

Nous l’avons vu, lors des sorties et des déclarations de l’entre- deux tours, les deux candidats restants changent leurs fusils d’épaule et tempèrent leurs positions pour séduire cet électorat musulman qui pèse lourd dans les pourcentages électoraux des deux candidats. Ces derniers multiplient les clins d’œil et les gestes d’apaisement à l’égard de la communauté musulmane, qui a voté à 60/100 pour Jean-Luc Mélenchon, qui a appelé ses électeurs à ne pas donner une seule voix, ce qui suppose implicitement de voter Emmanuel Macron pour contrecarrer les visées de l’extrême droite. 

Dans ce sens, Marine Le Pen va jusqu’à enterrer, en l’espace d’une semaine, ses déclarations extrêmes contre le port du voile pour affirmer désormais, à quelques jours du deuxième tour, que c’est là un débat national qui devrait avoir lieu au niveau de l’Assemblée nationale avec l’engagement des parlementaires et de toute la classe politique française. C’est d’ailleurs le même son de cloche de la candidate extrême droite sur les énergies vertes et sur la sortie de l’Europe. Le modus operandi étant de tempérer pour attirer le maximum d’électeurs possibles. Ce qui est loin d’être acquis. 

Ce que nous constatons de manière nette aujourd’hui, c’est que dans l’entre-deux tours des présidentielles, les deux candidats ont mis de l’eau dans leur vin concernant plusieurs sujets chauds dont le voile et le régime des retraites dans un climat politique inextricable, avec une crise politique et économique majeure qui a porté un coup dur aux différents niveaux de vie des Français. Ces derniers ne pensent aujourd’hui qu’à une seule priorité : sauver leur niveau de vie dans une France en manque de vitesse à plusieurs niveaux, surtout en termes de paix et de cohésion sociales, face à un quinquennat porté par le président Emmanuel Macron, en dents de scie, à tous les étages de la gestion de la chose publique. 

Ce qu’il faut dire c’est que ces élections présidentielles sont amères parce que les Français devront voter pour le moins pire des deux candidats au second tour. C’est l’affrontement entre les «tout sauf Macron» et les «tout sauf Le Pen» dans un exercice périlleux pour allier deux extrêmes dans un choix qui est tout sauf folichon pour les Français qui ont montré clairement qu’ils ne sont attirés ni par le candidat d’En Marche ni par la candidate du Rassemblement National.

Avec cet impératif pour chacun des deux présidentiables d’aller dénicher et séduire des électeurs chez les perdants surtout ceux qui ont voté Jean-Luc Mélenchon, ce qui peut donner corps à des choix politiques hybrides puisque les électeurs de gauche peuvent voter d’une extrême à l’autre, sans logique aucune, sauf celle de vouloir sanctionner l’un ou l’autre des deux finalistes. Verdict le 24 avril 2022.

Par Abdelhak Najib Écrivain-journaliste 
Notre envoyé spécial à Paris 

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