C’est un drame terrible qui se joue depuis plusieurs semaines en Birmanie. Les Rohingyas, cette minorité musulmane apatride et extrêmement pauvre, longtemps opprimée, ont fini par se rebeller, à travers notamment l'Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA). Une rébellion réprimée dans le sang et dans l’indifférence quasi totale, et qui a fait plus de 430 morts. Un bilan qui pourrait dépasser les 1.000 morts selon l’ONU.
Les Rohingyas sont 1 million à vivre en Brimanie. Ce qu’ils veulent : des droits élémentaires, comme le droit au travail, l’accès à l’éducation, la liberté de mouvement… Aujourd’hui, face à la montée de la violence dans l’est du pays, des dizaines de milliers de civils ont quitté le territoire. En deux semaines, quelque 270.000 membres de la communauté rohingyas ont trouvé refuge au Bangladesh, selon les estimations du Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR). "La grande majorité d'entre eux sont des femmes, y compris des mères avec des nouveau-nés, des familles avec enfants, qui arrivent dans un état déplorable de fatigue et de faim à la recherche d'un abri", précise ce vendredi l'agence onusienne.
Une commission internationale dirigée par l'ex-secrétaire général de l'ONU Kofi Annan a dernièrement appelé la Birmanie à donner plus de droits à cette minorité.
Et dire que tout cela se passe au pays de l'ex-dissidente et prix Nobel de la paix en 1991, Aung San Suu Kyi. Celle qui s’est battue pour une Birmanie libre et démocratique, et qui est aujourd’hui au cœur du pouvoir birman, reste pour beaucoup la complice silencieuse d’un «nettoyage ethnique» de grande envergure.■
D. W.